Voir « Men Maurice Sixto » de Arnold Antonin
Par Roland Leonard
Le Nouvelliste, 16 octobre 2018
Ils étaient nombreux à répondre au rendez-vous, bravant en fin d’après-midi la pluie battante de ce mercredi 10 octobre.
La première de ce documentaire avait provoqué a priori la curiosité enthousiaste des nombreux fans de cet « audienceur » étincelant, Maurice Sixto, et du réalisateur, Arnold Antonin.
Maurice Sixto est sacré grand prince de l’oraliture par la critique haïtienne.
Pour accueillir l’assistance et faire office de M. C, Daniel… a fait de son mieux avec ses mots de circonstance pour mettre l’accent sur ce grand créateur de notre littérature orale. Il introduisait le réalisateur Arnold Antonin qui, ému, rappelait les dédicaces de son film à la mémoire de ses amis morts : Jean-Claude Fignolé, Claude Pierre, Boulo Valcourt. « Men Maurice Sixto », toujours selon Antonin, est un film réalisé en collaboration avec la SHAA (Société haïtienne d’aide aux aveugles) représentée par son président Michel Péan, avec également la fondatrice de la Fondation Maurice Sixto, Gertrude Séjour.
Les apports financiers de la FOKAL, de Guy Supplice de la UNIBANK, de « Casami », de la Culligan, de la Fondation Henri Deschamps, de l’IFH, ont été d’un précieux concours. Leurs donateurs ont été remerciés.
Le film met surtout l’accent sur la valeur littéraire des œuvres de Sixto. On insiste sur la cécité comme vecteur de reconstitution de la réalité chez l’ « audienceur ».
La vie intime, la biographie et l’importance de ses créations sont évoquées avec les témoignages de Michel A. Péan, Gertrude Séjour, Michel Philipe Lerebours, Marie Thérèse Torchon, femme de Maurice Sixto, Paula Chermont Péan, Jean-Claude Martineau, Claude Pierre, linguiste et écrivain, Ettson Othilien, analyste et spécialiste du langage. Et ceci dans un ballet, un aller et retour des témoins, assez coutumier chez le documentariste.
Le film signale avec des illustrations et des séquences, son itinéraire de Haïti à Philadelphie et New York, en passant par le Congo où il a résidé et enseigné dans les années 60 du XXe siècle, et Miami.
Des amis d’enfance évoquent sa jeunesse aux Gonaïves, d’autres connaissances nous parlent de ses amours de jeunesse dans son pays et au Congo. Sa femme le prend avec humour, et nous révèle son grand talent de cuisinier.
Paula Chermont Péan et Jean-Claude Martineau témoignent des adaptations théâtrales-avec assentiment du créateur- surtout aux États-Unis, de ses audiences les plus célèbres comme, « Léa Kokoye », « Mèt Zabèlbok », « Ti-Sentaniz ». Des extraits de ces sketches sont montrés de temps à autre et, parallèlement, ceux du dessin animé «Ti-Sentaniz ». On visualise également quelques scènes de l’adaptation récente de « Gwo Moso » par Billy Elucien.
Les comédiens Daniel Fils-Aimé « Tonton Bicha » et « Jesifra » avouent leur fascination de jeunesse pour Maurice A. Sixto, sans parler de filiation, véritablement sans comparaison.
Ettson Othilien, Claude Pierre, Emmelie Prophète nous édifient longuement sur l’importance linguistique et littéraire de l’œuvre de Maurice Sixto, grand prince de l’oraliture.
Soit un documentaire assez édifiant sur l’importance de cette personnalité très populaire et inoubliable. Une construction assez classique de ce montage visuel, chez le cinéaste. Une honnête conception. on s’en sort renseigné ; mais quelque part on a encore faim d’en savoir davantage sur la vie de Maurice A. Sixto.