Gouverneurs de nous-mêmes
Par Jean-Claude Icart
Brooklyn, 25 juillet 2015
Initiative patriotique pour souligner les 100 ans de l’Occupation américaine enHaïti
« Etle temps vient pour tous les « habitants », d’Haïtiet d’ailleurs,
où ils seront à la fois Gouverneurs de la rosée et d’eux-mêmes. »
AndréStil, L’Humanité, Paris, 31 juin 1962
Textereproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Le 15 janvier 1925, à l’âge de 18 ans, alorsqu’il termine ses études secondaires en Suisse, Roumain définit ce qui sera lecombat de sa viemanifeste sa volonté de participer à la lutte contre l’occupationaméricaine d’Haïti dans une lettre à Joseph Jolibois fils, directeur du journalCourier haïtien à Port-au-Prince, quiluttait pour le départ des occupants étrangers en Haïti :
« Monsieur le Directeur, vous excuserez l’audace que j’aiprise en vous écrivant, car personnellement je vous suis tout à faitinconnu. Vous me pardonnerez sûrement quand je vous dirai que je me vanted’être haïtien. (…) J’ai hâte de retourner en Haïti, afin d’aider à relever lecourage des masses et à soulager le peuple. (…) Et vous me combleriez si vousvouliez me faire l’honneur de me considérer au nombre de vos alliés les plusfidèles. » (Roumain, Jacques, Œuvres complètes, 2004, p.429 – 430).
Le dernier texte connu de Roumain est unroman intitulé Gouverneurs de la rosée, texte qui peut être vu comme son testamentpolitique. Cette lecture n’est pas nouvelle. Ainsi, un de ses compagnons de route, Anthony Lespes, présente ainsicette œuvre :
« La source découverte par Manuel, c’est lesocialisme. C’est ce que voulait dire Jacques. L’eau qui va vivifier lacommunauté, qui va transformer la haine en amour parce que tout le monde auradu pain ; qui va aider à déchiffrer la misère et planter la vie nouvelle… ».(Lespes, A. dans Œuvres complètes, p.1482)
Jacques-Stephen Alexisira dans le même sens : « Peut-être est-ce ce livre qui contient lemessage essentiel de Roumain, message que la vie ne lui a pas permisd’illustrer personnellement? ». (Alexis, J.S., dans Œuvres complètes, p.1497).
Jean Dominiqueégalement s’inscrit dans cette lignée :
« … pour le poète, peut être que l’eau, c’estla sève fraîche d’idées nouvelles, d’espoir fringant, de neuves responsabilités.Responsabilités ? Collectives pour le gaspillage des ressources naturellesdu pays tout entier. (…) Culpabilité collective (…) dans cette mentalité deprédateurs que nous avons tous depuis nan temps bimbo » (Dominiuqe,J., Oeuvres conplètes, p.1534)
Nous nous proposons de refaire en trois temps,le retour, l’exil et le second retour, l’itinéraire de Roumain, à la lumière decette hypothèse. Entre la Lettre àJolibois et Gouverneurs de la rosée,Roumain sera poète, journaliste, agitateur politique, prisonnier,fonctionnaire, organisateur politique, romancier, chef de parti, exilé,étudiant, ethnologue, enseignant, chercheur, polémiste, diplomate, etc. Sousces divers chapeaux, il restera toujours un militant nationaliste etanti-impérialiste.
1- Le retour
Dès son retour en Haïti, à l’âgede 20 ans, Roumain fonde avec Richard Salnave, Daniel Heurtelou, Max Hudicourtune revue littéraire très éphémère, LaTrouée, dans laquelle il publiera quelques poèmes. En juillet 1927, Roumain et Heurtelou décidentd’ouvrir le cercle à d’autres jeunes poètes comme C. Regulus et Pascal Flammeur, maisausi des auteurs déjà reconnus tels que Antonio Vieux, Jean Price-Mars, Emile Roumer, PhilippeThoby Marcelin, Normil Sylvain et Carl Brouard. Ils décident de mettre sur pied la Revue Indigène.
C’était en1927. Ils étaient réunis, débattant unnom qui devait refléter la culture profonde du pays, et le rejet del’occupation qui perdurait depuis 1915. Ils tergiversaient sur les appellations les plus attrayantes ou les plusacceptables, quand il (Emile Roumer) se leva, frappa le poing sur la table ets’exclama: – Jean Jacques Dessalines! L’Armée indigène, il nous faut une revue indigène! La Revue Indigène était née. (Lucien, Charlot, 2005)
Cette publication se proposed’articuler une voix authentiquement haïtienne et nationaliste face à laprésence américaine : affirmer l’identité et la singularité haïtiennes, promouvoir lajeune poésie haïtienne dans le but de mieux exprimer les tourments et douleursde l’âme indigène, faire découvrir des contes puisant dans le folklore, lesvieilles légendes, les vieilles coutumes héritées du passé africain, publierdes essais sur les traditions, les coutumes, le folklore indigène, renouer avecla tradition interrompue, unir le passé au présent et préparer l’avenir. (LRI 1, 1927 : 2) (citédans Lanni, D., 2011, p. 80)
La Revue Indigène vécut l’espace d’un matin, environ un an. À peinequelques numéros furent publiés, mais tous les membres fondateurs demeurèrenttrès actifs sur la scène culturelle et on en parle encore aujourd’hui comme unvéritable tournant dans la littérature haïtienne.
Cette revue contribua notamment àl’éclosion de l’indigénisme en Haïti, courant dont le père spirituel fut Jean Price-Mars, suite à la parution de son ouvrage intitulé « Ainsi parla l’oncle »en 1928. Ànoter : dans le premier numéro de la Revue indigène, Jean Price-Mars signaun article : « La famille paysanne : mœurs locales et survivances africaines. »(LRI 1, 1927 : 31-41).
En décembre 1927, Roumain rejointGeorges J. Petit qui lance Le Petit Impartial, un journal qui vise uneaudience beaucoup plus large et se dédie à la lutte contre l’occupationaméricaine. La période de lutte armée contre les occupants avait déjà pris finavec l’écrasement des Cacos. Il fallait continuer à réhabiliter la mémoire deces combattants mais il fallait surtout trouver d’autres moyens pour dynamiserla lutte contre les occupants, mobiliser la jeunesse du pays et surtout refairel’unité nationale :
«Noussommes aujourd’hui en face de l’Américain comme nos ancêtres en face des arméesdu Premier Consul. Et y avait-il à la Crête-à-Pierrot, à la Ravine-à-Couleuvre«une Elite» et «un vil peuple ? Non, il y avait des hommes décidés à mourirplutôt que de vivre esclaves. Des hommes qui savaient que la mort faucheindifféremment riches et pauvres, lettrés et illettrés. Il est un fait : lefossé existe. Mais aucune force ne saurait empêcher que nous nous rejoignions.Car la grande oeuvre de la Restauration Nationale doit s’accomplir»(février 1928). (Roumain, J, Œuvres complètes, p. 445)
C’est dans l’œuvre de Gandhiqu’il va trouver la marche à suivre pour mener cette bataille. Durant le moisde mars 1928, il consacre sept chroniques à la doctrine de l’action nonviolente de Gandhi. Il y voit une stratégie globale, active et efficace, «quiexige plus de bravoure que la violence proprement dite», une stratégie soutenuepar un nationalisme irréductible qui requiert un engagement inflexible. Débutavril 1928, il lance de nouveau son appel à l’unité :
«Nous supplions au nom denotre Mère Haïti, toute la jeunesse d’oublier les vieilles querelles. Qu’ungrand pardon lave toutes les taches ! Il n’y a ni nègres, ni mulâtres, niriches ni pauvres, ni «Jeunes Gens de la Ville» ni Jeunes Gens de Turgeau, iln’y a que des HAITIENS NEGRES opprimés par l’Américain et ses laquais».(Roumain, J, Œuvres complètes, p. 468).
Dès ce mois d’avril 1928, ilpasse à l’action et fonde la Ligue de lajeunesse patriote haïtienne, qui va lancer différentes manifestations etgrèves contre l’occupant américain et contre le gouvernement du présidentBorno. Roumain participait à l’action directe et marchait à la tête de toutesles manifestations. Dès décembre 1928 ilest arrêté en compagnie de Georges Petit pour délit de presse et outrages àl’adresse de Borno. Ils passeront prèsde 8 mois en prison et ne seront libérés que le 2 août 1929. Dix semaines plustard, soit le 19 octobre 1929, Roumain est de nouveau arrêté, cette fois encompagnie de Victor Cauvin et Antoine Pierre-Paul, pour avoir enfreint la «loisur les associations de vingt personnes ou plus», et pour avoir lancé «un appelséditieux».
Entre temps, Roumain est devenuPrésident du Comité de Grève contrel’occupation américaine. JacquesStephen Alexis souligne que
JacquesRoumain a contribué de manière originale à mettre au point la forme de lutte deprédilection des masses populaires haïtiennes depuis plus de vingt-cinq ans :la grève générale de masse. On peut ainsi avancer que Jacques Roumain acontribué à sa manière aux mouvements de janvier 1946, de décembre 1956 et deces derniers mois. Cette arme tend même à se répandre dans toute l’AmériqueLatine sous le nom de « Grève à l’Haïtienne » (Alexis, J.S., dans Œuvres complètes,p. 1494).
Le 4 novembre 1929, les étudiantsde l’école d’agronomie de Damiens déclenchent une grève qui marque un véritable tournant dans lalutte contre l’occupation. Les multiples associations de jeunes décident de sefédérer et choisissent Jacques Roumain,toujours emprisonné, comme président d’honneur et Justin D. Sam commeprésident. Roumain sera libéré le 17décembre, dans le cadre d’une amnistie générale de tous les prisonnierspolitiques, décrétée suite à une mobilisation générale de tout le pays, marquéepar le massacre de Marchaterre le 6 décembre 1929. Ce jour là, les Marines ouvrirent le feu surune foule de manifestants près de la Ville des Cayes qui protestaient contre lamisère, la répression et les restrictions au fonctionnement des guildives(Condé, G. 2002).
Le 28 février 1930, une commissiond’enquête envoyée par le président américain Herbert Hoover et dirigée par William Cameron Forbesdébarque à Port-au-Prince. Cette commission recommandera de remettreles commandes aux Haïtiens. Les deux gouvernements se mirent d’accord sur lesmoyens de confier à nouveau la direction des différents services publics dupays aux autorités haïtiennes. Le 1er juinde la même année, Borno sera remplacé par un président intérimaire, Eugène Roy,chargé d’organiser des élections.
Le rôle de Roumain dans la luttecontre l’occupation sera souligné doublement durant cette première moitiéde l’année 1930. Le 20 février 1930, les associations politiques etpatriotiques se constituèrent en Comitéfédératif des groupements patriotiques d’Haïti. Le 20 mars,les trente quatre délégués du Comitéfédératif formèrent un bureauprésidé par le poète Etzer Vilaire, assisté du Dr Jean Price-Mars et de JacquesRoumain, respectivement premier et deuxième secrétaires. Le 1er juin1930, Jacques Roumain devint présidentd’honneur de la Fédération de la Jeunesse qui fut alors créée, délégué dugroupement auprès du comité fédératif, délégué du comité de ratification despouvoirs du président.
En juin 1930, il sera nommé Chefde Division du Ministère de l’intérieurpar le président par intérim Eugène Roy. Il n’a que 23 ans. Il n’est de retouren Haïti que depuis 3 ans, période durant laquelle il a été emprisonné pendantprès d’un an. Le 24 septembre 1930, Roumain démissionne du Ministère afin de pouvoir faire campagne pour lacandidature de Sténio Vincent à la présidence. Les nationalistes balaient les élections législativesdu 14 octobre 1930 et Sténio Vincent est élu le 18novembre 1930. En Février 1931, JacquesRoumain est renommé à son ancien poste au Ministère de l’intérieur. En août 1931, les autorités haïtiennes reprennent la direction desdifférents services publics du pays.
Roumain est cependant déjà lancé dans uneautre bataille. Fin août 1930, il publie La Proie et l’ombre, une critique très dure de la sociétébourgeoise qui pour E. Brutus est : «… est une peinture de la misère intimede notre jeunesse meurtrie et retenue dans son évolution par une imbécilitébourgeoise alliée à des préjugés stupides. Roumain nous exhibe les bassesses denotre milieu, sa laideur».Mais n’était-ce pas l’expression du désarroi d’une jeunesse privilégiée quiétait humiliée par l’occupation du pays et découragée par l’absence d’un projetde société viable?
La Proie et l’ombre sera suivie par Les fantoches en décembre 1931. Le jeune François Duvalier s’enthousiasma pourle recueil, dans ‘’Le Nouvelliste’’ : « L’écrivain a campé avec le souriredésabusé du philosophe, tous ces hommes ballons, véritables fantoches, espritsmutinés qui s’acharnent à se concevoir autres qu’ils ne sont dans une sociétéinexistante. » (Duvalier, F., cité dans Œuvres complètes, p. 1473).
Décembre 1931 verra aussi lapublication de La montagne ensorcelée, un tableau tragique de la vie dupaysan haïtien. Ce livre qui marque une véritable rupture dans sa productionlittéraire. C’estle premier récit indigéniste de la littérature haïtienne, qui questionnera, parla voie de la fiction, les relations entre le milieu, les mœurs et croyances etles hommes. Comme l’écritGhislain Gouraige : « Roumain, influencé par Giono et Ramuz, auracréé un monde de privations propre à féconder la haine et à inspirer lemeurtre ». (Hoffman, L.F., dans Œuvres complètes, p. 196) Cette œuvre fut durement attaquée parDuvalier qui trouvait qu’ellerappelait trop La montagne ensorceléede l’auteur chilien Francisco ». Même titre, milieu social, et jeu des intrigues presqueidentiques » (Duvalier, F., cité dans Œuvrescomplètes, p. 1472).
Roumain se met aussi à la recherche d’autresoutils théoriques, qu’il va trouver dans les oeuvres de Karl Marx.Parallèlement, il se lance dans « un travail d’organisation des ouvriers de la Hasco, de la Compagnied’ananas, des usines à mantègue, de la compagnie électrique, de l’usine àglace» (Péan, L. 2007 a). Accusé de conspiration, il sera de nouveauarrêté au début de janvier 1932 et libéré le 11 février 1932, en compagnie deMax Hudicourt avec qui il fera grève de la faim pour protester contre leslenteurs de l’instruction.
Au début de 1932,dans une correspondance avec l’écrivain français Tristan Rémy, il écrira :Je suis communiste. Non militantpour l’instant, parce que les cadres d’une lutte politique n’existent pasencore en Haïti. Je m’applique à préparer… (Œuvres complètes, p. 639)
Roumain se retire des fonctions qu’il occupeau sein du Gouvernement et essaiera de continuer son travail d’organisation. Ilsera de nouveau arrêté en 1933et emprisonné pour avoir fondé le parti communiste dans la clandestinité. Pour Roumain, ils’agit de mettre fin non seulement à l’occupation militaire mais aussi auxpolitiques économiques imposées par l’occupant :
(…) les impôts de l’Occupationgrévaient encore plus la paysannerie et les petites gens que les impôts dudix-neuvième siècle.L’occupant imposa de force des augmentations de prix surdes articles aussi communs que le sel ou les allumettes, vivifiant despratiques qui avaient alimenté la corruption du dix-neuvième siècle, etindiquant aux futurs gouvernements du vingtième, des méthodes de plus en plusefficaces d’extraction. (Trouillot, M.R., 1986)
André Lafontant Joseph précise lestransformations économiques amenées par l’occupation:
Plusieursgrandes compagnies agricoles et agro-industrielles s’établissent dans le pays.Dans le milieu urbain, on assiste à la création de nombreuses fabriques et demanufactures. Le capitalisme se renforce dans le pays. Cette période marque unetransition. Elle voit la formation de quelques syndicats de travailleurs dontcertains ont participé au sein de l’Union patriotique au mouvement derésistance pacifique contre la présence américaine en Haïti. (…) L’année 1930voit la création de la Confédération Nationalistes des Ouvriers et des Paysans,avec à sa tête un politicien influent de l’époque, Joseph Jolibois fils (Lafontant Joseph, André, 2003,pp23-24)
Legouvernement rejeta toutes les propositions de mesures législatives qui auraient pu améliorer la situation descouches laborieuses : abolition des mesures restrictives sur lefonctionnement des guildives, hausse du salaire journalier des ouvriersagricoles, allègement des taxes demarché, restitution aux paysans de terres accordées aux grandes compagniesaméricaines, etc. Un projet de loi sur le commerceen détail fut également rapidement enterré. C’est dans ce contexte que Roumainpublie en juin 1934, avec la collaboration de ChristianBeaulieu et Étienne Charlier,l’« AnalyseSchématique 1932-1934 » qui marque la naissance du Parti Communiste Haïtien dont il est leSecrétaire Général.
1- C’est essentiellement une réaction contre lescompromissions des classes dominantes haïtiennes avec les occupants américainset le faux nationalisme arboré par des politiciens qui en fait collaboraientavec l’étranger.
2-C’est une dénonciation dupréjugé de couleur qui est l’expression sentimentale de la lutte des classes,masquant un fait historique et économique indéniable,« l’exploitation sans frein des masses haïtiennes par labourgeoisie » (p. 36).
3-C’est un cri d’alarme contre le fascisme qui s’organise pourtrouver une base de masse en Haïti, le racisme étant générateur de fascisme.
C’est un texte schématique,limité, et ce n’est vraiment pas une « analyse rigoureuse de la formationsociale haïtienne prise dans son ensemble » comme souligné dans la préfacede l’édition de 1999. L. Péan précise : « Ce qui à mon sensconstitue l’apport de Roumain dans le combat pour une Haïti démocratique, c’estsa résistance contre le fascisme, à un moment où celui-ci tisse les premièresmailles du filet du système totalitaire qui allait éclore sous la dictature desDuvalier » (Péan, L. 2007).
La grande actualité de la pensée deRoumain vient de ce qu’il intervient à un moment charnière de l’histoirecontemporaine d’Haïti. Dans un texte intitulé Les enfants de Vincent MichèleOriol écrit :
Il (Vincent)est le créateur d’un style politique, fait d’ambiguïté, de cynisme et delégalisme qui a de nombreux héritiers. Lescot, Estimé, Magloire et Duvaliersont, quelque part, les enfants de Vincent. On peut lire notre histoirepolitique jusqu’en 1986 comme une longue période de continuité, dans laquelleMagloire est un peu en retrait et où Duvalier pousse jusqu’à ses ultimesconséquences les lignes tracées par Vincent. (Oriol, M. 2007)
Ce manifeste vaudra à Roumaintrois années de prison. Ce manifeste, et peut être également le faitque Vincent prépare le referendum de 1935 qui lui accordera quasiment lespleins pouvoirs. Il sera emprisonné en juin 1934. Ironie du sort, en compagniede plusieurs autres nationalistes, comme par exemple Joseph Jolibois fils,il est en détention quand les troupes américaines quittent le pays le 21 août1934,moment pour lequel ils avaient tellement combattu… Après trois ans en prison, Roumain dut partirpour l’exil le 15 août 1936, sa santé sérieusement fragilisée.
NOTES
[1]Ce texte estbasé sur une communication présentée à Montréal, le 20 octobre 2007, dans le cadre d’une activité de laChaire derecherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie de l’UQAM,Journée d’étude JacquesRoumain, Le particulier et l’universel.
Cette communication fut également présentée à l’Association desenseignants-tes haïtiens-nes du Québec (AEHQ) le 23 novembre 2007.
Notonsau passage que ces évènements se produisent peu après le krach de la Bourse deNew-York (24-29 octobre 1929) qui marque le début de la plus grande criseéconomique du 20e siècle, la Grande dépression.
On peut penser qu’ils’agissait également d’avoir Roumain à l’œil.
Trois des nouvelles de ce recueil avaient déjà été publiées.
E. Brutus, «JacquesRoumain», La Relève, Port-au-Prince,1er octobre 1933, cité dansHoffmann, L.-F., « Chronologie », Œuvres complètes, p. 121.
Le livre deContreras fut publié à Paris en 1928. Colline de JeanGiono parut en 1929. Roumain s’est clairement inspiré de ces deux romans pourécrire le sien.
Cette mêmeannée 1932 verra la fondation du Groupe Les Griots par Louis Diaquoi, LorimerDenis et François Duvalier. Ce groupe va produire une série d’articles inspiréspar un certain nationalisme culturel. Pour Duvalier et Denis, la biologie d’ungroupe racial détermine sa psychologie. Ils seront rejoints peu après par CarlBrouard qui reprochera aux marxistes haïtiens leur vision sociale trop étroite.Diaquoi meurt en cette même année 1932. La revue du groupe commencera àparaître seulement en 1938. Price-Mars y collabora.
En 1935, fut formé auxÉtats-Unis un ‘’comité pour la libération de Jacques Roumain’’ à l’initiativede Langston Hughes. Cette initiative eut des échos en France dans plusieurspériodiques de gauche, dont ‘’Commune’’.
Jolibois Fils fut arrêté 18 fois et connutaussi l’exil. Encore aujourd’hui, certains désignent la prison centrale dePort-au-Prince comme « chez Jolibois ». Il mourut assassiné dans unecellule le 14 mai 1936, sous le gouvernement de Vincent. La population lui fitspontanément des funérailles grandioses.
Les États-Unis maintiendront cependant leur contrôle sur les douanesjusqu’en 1946.
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