Académie créole ou politique linguistique ?
UNE ACADÉMIE DE LANGUE KREYÒL
OU UNE POLITIQUE LINGUISTIQUE EN HAÏTI ?
(Première partie)
Par Hugues Saint-Fort
New York, mars 2013
L’objectif principal de cet articleest de montrer la nécessité d’une politique linguistique en Haïti. Au passage,je défends la thèse que la création d’une Académie de la langue kreyòl, tellequ’elle est instituée dans les textes de la Constitution de 1987, n’est pasd’une utilité sociale, linguistique, et éducative majeure en Haïti. Ce dont lasociété haïtienne a réellement besoin, c’est d’une politique linguistiqueofficielle qui affecte aussi bien le corpus, la structure (orthographe,prononciation, grammaire, vocabulaire) que le statut (variété qui devrait êtreutilisée, où elle peut être utilisée) de la langue kreyòl. Mais, la languekreyòl n’est pas la seule langue parlée dans la société haïtienne. Si l’article5 de la constitution de 1987 nous rappelle que « tous les Haïtiens sont unispar une langue commune: le créole », ce même article 5 signale toutaussi clairement que «le créole et le français sont les languesofficielles de la République.» Ce statut de langue officielle attribuéau kreyòl et au français en Haïti force à considérer que le destin des deuxlangues dans la société haïtienne est inséparablement lié, même si leur usageet leur statut sont inégalement répartis.
À la suite du linguiste françaisLouis-Jean Calvet (1999), j’entends par politique linguistique «l’ensemble deschoix conscients effectués dans le domaine des rapports entre langue et vie sociale,et plus particulièrement entre langue et vie nationale.» Pour Calvet, la notionde «planification linguistique» implique celle de politique linguistique, laplanification linguistique étant définie comme la recherche et la mise en œuvredes moyens nécessaires à l’application d’une politique linguistique. De plus enplus, les linguistes tendent à s’éloigner du terme «planificationlinguistique», version française de l’expression anglaise «language planning»très utilisée dans les années 1970-1980, mais qui peut soulever desconnotations négatives, liées à «un certain autoritarisme incompatible avecle respect des droits des minorités linguistiques» (Rousseau 2005:61). Au Québec en particulier, la minorité anglophone appréciait mal lapolitique linguistique conduite par les décideurs et les linguistesfrancophones, politique linguistique associée à une sorte de dirigisme étatique(Maurais 2008). On le remplace généralement par «aménagement linguistique»terme proposé par le linguiste québécois Jean-Claude Corbeil et qu’un autrelinguiste québécois, Louis-Jean Rousseau (2005), définit ainsi: « Touteintervention d’une instance nationale ou internationale, ou d’un acteur social,qui vise à définir les fonctions ou le statut d’une langue ou de plusieurs languesen concurrence, sur un territoire ou dans un espace donné (aménagement dustatut), ou à standardiser ou à instrumentaliser une ou plusieurs langues pourles rendre plus aptes à remplir les fonctions qu’on leur a assignées(aménagement du code) dans le cadre d’une politique préalablement définie.»
Louis-Jean Rousseau continue ainsi: «L’aménagementlinguistique consiste en la mise en œuvre de la politique linguistique d’unÉtat ou d’une organisation qui souhaite intervenir explicitement sur laquestion des langues.» Cette explication qui est très proche decelle énoncée plus haut par Calvet dans sa définition de la planificationlinguistique sera à la base de notre discussion.
Ce texte est articulé autour de deuxaxes principaux: dans une première partie, j’expliquerai pourquoi je nesoutiens pas la création d’une Académie de la langue kreyòl d’Haïti; dansune deuxième partie, je présenterai les raisons pour lesquelles il estnécessaire d’adopter une politique linguistique en Haïti.
Qu’est-ce qu’une académie ?
Selon Le Petit Robert (2011),une Académie est une « Société de gens de lettres, savants, artistes.» Ilexiste des académies de langues, des académies d’art, des académies desciences. La mission d’une académie est de veiller aux usages dans leursdisciplines respectives et, dans le cas des académies de langues, de publierdes ouvrages tels que des dictionnaires, des grammaires, etc. Dans le mondeoccidental, L’Accademia della Crusca aété l’une des premières académies instituées. Elle a été fondée en Italieen 1582. (Crystal 1987, Lodge 1997). Son objectif était de purifier la langueitalienne. La plus célèbre académie dans le monde occidental est sans doute l’Académiefrançaise. Elle a été établie par le Cardinal Richelieu en1635. Selon l’article XXIV des Statuts, « la principale fonction del’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibleà donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente etcapable de traiter les arts et les sciences.» L’Académie française,dès sa création, est composée de quarante membres qui avaient l’honneur desiéger à vie et qu’on appelle les Immortels.
À la suite de l’Académie française,plusieurs autres Académies ont vu le jour en Europe et dans le monde. SelonCrystal (1987: 4), l’Académie espagnole fut fondée en 1713 par Philip V et,dans l’espace de 200 ans, des Sociétés correspondantes furent instituées dansbeaucoup de pays de l’Amérique du Sud hispanophone. En 1786, une Académiesuédoise fut fondée, en 1830, ce fut le tour d’une Académie hongroise. Ilexiste trois Académies de langue arabe, l’une en Syrie, l’une en Iraq et uneautre en Egypte. Une Académie de la langue hébraïque a été fondée en 1953.L’Angleterre n’a pas été en reste vis-à-vis de cette idée de créer une Académiede langue qui circulait en Europe. Au 17ème siècle, une proposition decréer une académie fut soumise et appuyée par John Dryden et Daniel Defoe (Crystal1987). Pour Defoe, la réputationdes membres de cette académie «would be enough to make them the allowedjudges of style and language; and no author would have the impudence to coinwithout their authority…There should be no more occasion to search forderivations and constructions, and it would be as criminal then to coin wordsas money.” (sera suffisante pour les rendre jugesindiscutés du style et de la langue; et nul écrivain n’aura l’imprudence decréer de nouveaux mots sans leur autorité…Il n’y aura plus d’occasion dechercher des dérivations et des constructions, et créer de nouveaux mots seraitaussi criminel que de fabriquer de la monnaie…) [ma traduction].
En mission diplomatique en Europependant la Révolution américaine, John Adams qui a été le premiervice-président des Etats-Unis et le second président américain a soumis auprésident du Congrès une proposition pour une Académie de la langue américaine.C’était le 5 septembre 1780. Voici quelques passages de cetteproposition traduite en français:
«La plupart des nations d’Europe ontjugé nécessaire d’établir des institutions d’autorité publique pour réglementeret améliorer leurs langues respectives. Je n’ai pas besoin de mentionner lesacadémies de France, d’Espagne et d’Italie, leurs travaux érudits ni leursgrands succès….L’honneur de former la première institution publique pourl’épuration, la correction, l’amélioration et la préservation de la langue anglaiseest, je l’espère, réservé au Congrès; …Je soumettrai donc à l’attention duCongrès l’opportunité et le projet de fonder, sous son autorité, une sociéténommée «Académie américaine pour l’amélioration, le perfectionnement et lapréservation de l’anglais». cf.http://www.tlfq./ulaval.ca/axl/amnord/USA-Adams-anglais.htm
Haïti a-t-elle besoin d’une Académie de langue kreyòl?
Tout d’abord, il est important que jefasse une nécessaire mise au point. Contrairement à ce que disent certains(Léger 2011), je n’ai jamais demandé que «l’Académie du CH soit calquée surle modèle de l’Académiefrançaise ou de l’Office de la langue française du Québec.» En introduisant l’exemple de l’Académie française, monraisonnement s’appuyait sur lepoint suivant: dans toutes les sociétés où elles existent, lesacadémies de langue poursuivent les mêmes objectifs: ce sont des institutionsqui veulent imposer une variété linguistique sur des bases prescriptives, etqui véhiculent leur idée de la « pureté » d’une langue, qu’elles doiventdéfendre contre des éléments étrangers, ou contre des éléments considérés comme« inférieurs »… Une Académie de langue kreyòl qui veut se situer dans la lignetraditionnelle des académies devra suivre cette même direction. Sinon, ce nesera pas une Académie de langue.
Donc, l’idée d’une académie de languedans les sociétés occidentales ne date pas d’hier. Cette académie, dansl’esprit de tous ceux qui en ont proposé une, se devait de mettre sur pied unevariété de langue qui soit, d’après eux, supérieure et prestigieuse. Dans laplupart des sociétés où ont été créées des Académies de langue, l’objectif atoujours été d’épurer, de purifier, de corriger la langue parlée par leslocuteurs de la communauté linguistique. Les Académies de langue existent parceque, dans l’optique de leurs fondateurs, il y a un usage « correct » et«incorrect» de la langue et c’est le rôle d’une Académie de prescrire l’usage «correct ». (Milroy and Milroy 1991).
Ce sont les Français qui ont porté auplus haut point l’idéal d’une variété de langue considérée comme le guidesuprême, le modèle à suivre, ce qu’on a appelé le «bon français». Entre le16ème et le 17ème siècle en France, les ouvrages prescriptifs semultiplièrent pour culminer avec la création de la fameuse Académie française.Pour le linguiste britannique R. Anthony Lodge (1997: 213-214), « ilest clair que cette institution a joué un rôle majeur dans la codification dela langue standard en France et qu’elle continue aujourd’hui à se comportercomme le gardien du bon usage, sans qu’il y ait lieu d’exagérer l’influenceréelle qu’elle exerce dans ce domaine.»
Qu’est-ce qu’une Académie de languekreyòl apporterait à la communauté linguistique haïtienne? Il y a une tendancerécente chez la plupart des intellectuels haïtiens à insister sur la mise enplace d’une Académie de langue kreyòl. Je ne suis pas sûr que ce soit parce quecela est indiqué dans la Constitution de 1987. Pour la majorité des locuteurshaïtiens qui réfléchissent ces derniers temps à la situation linguistiquehaïtienne, la création d’une Académie de langue kreyòl devrait résoudre lesproblèmes posés par l’usage de la langue kreyòl dans la communautélinguistique. Pour eux, l’Académie constituerait l’instance suprême à laquelleon aurait recours parce que « c’est l’Académie qui le dit.» L’Académie«fixerait» l’usage des mots et leur prononciation, créerait une grammaire, undictionnaire et recommanderait ce que ses membres jugeraient être l’usage « correct» de la langue kreyòl. Apparemment, beaucoup de ces locuteurs seretranchent derrière le prestige de la plus célèbre académie de languedans le monde (l’Académie française) pour avancer de tels propos sans savoirqu’en France même, le pouvoir et l’influence réelle de cette Académie setrouvent extrêmement limités. Dans la réalité historique, c’est laconjoncture politique et intellectuelle de la société française de l’époque(vers 1630) qui a favorisé l’émergence de l’Académie française; il était nécessaired’affirmer l’unité de l’État et de la société et de resserrer leurs liens paret autour de la langue française (Hélène Carrère d’Encausse 2011). Le latinétait pratiquement une langue morte, le français était à l’époque un dialectenon standardisé, qui faisait face à un grand nombre de parlers locaux mais quin’était guère employé qu’à la cour et dans les actes administratifs (HélèneCarrère d’Encausse 2011).
Une Académie de langue kreyòl et la situation sociolinguistique d’Haïti
La situation sociolinguistiqued’Haïti présente des particularités fort différentes par rapport à celle de laFrance. Malgré le statut de langue officielle dont jouissent les deux langues,français et créole dans la société haïtienne, la majorité des documentsofficiels du pays, que ce soit en politique, en éducation, ou dansl’administration en général, est rédigée uniquement en français, alors que tousles Haïtiens nés et élevés en Haïti possèdent une compétence (dans le senschomskyen du terme) en kreyòl et qu’à peine un cinquième de la populationhaïtienne est capable de parler ou comprendre le français, avec des degrésvariables de compréhension et de performance (DeGraff 2007, Dejean 1993). Si les membres de la future Académie de langue kreyòl s’en tiennentstrictement au rôle traditionnel des académies dans le monde, on devrait voiréclore après le lancement de cette Académie kreyòl des jugements prescriptifssur l’usage de la langue kreyòl, la prononciation des locuteurs,… Ce seraitalors le règne du prescriptivisme, du «bon kreyòl» (bon créole) opposéau «kreyòl mawon». Quel serait alors le groupe sociolinguistique ou lavariété régionale dont l’usage servirait de modèle ? Et pourquoi cegroupe ou cette variété plutôt qu’un autre?
Quant à la production d’une grammaireet d’un dictionnaire, il est évident que ce serait une grammaire normative etun dictionnaire unilingue créole. Rappelons que la grammaire normative s’occuped’édicter une variété de langue autour de règles strictes établies par desgrammairiens traditionnels (Ne dites pas…mais dites…). Elle décrit leplus complètement possible les conventions grammaticales d’une variété delangue, telles que mises en place par une institution normative (l’École,l’Académie dans les sociétés dotées d’une académie) et cautionnées par lesœuvres littéraires des «bons auteurs». À l’opposé de cette traditionprescriptive qui insiste sur la nécessité de suivre les conventionsgrammaticales, les linguistes et les sociolinguistes, loin de tout jugement devaleur sur les productions linguistiques, s’attachent à décrire l’usage réeldes locuteurs dans une communauté et la relative adéquation des différentesvariétés d’une langue à différentes situations.
La nécessité d’un dictionnaireunilingue dans la construction d’une lexicographie kreyòl nouvelle ne faitaucun doute et transcende toute question de prescriptivisme. Rappelons quepresque tous les dictionnaires existant sur le marché actuellement sont desdictionnaires bilingues (français-créole / créole-français; ou anglais-créole /créole-anglais). Or, la société haïtienne ne peut plus se contenter du strictobjet pédagogique du dictionnaire bilingue, c’est-à-dire«traduire, d’unemanière suffisamment satisfaisante les messages des communautés linguistiquesétrangères avec lesquelles [elle] est en contact culturel oucommercial» (Dubois et Dubois 1971:7). L’usage oral et écrit du kreyòls’est introduit dans la majorité des domaines autrefois réservés au seulfrançais, bien qu’il y ait encore beaucoup à faire. Il est donc important de «maitriserles moyens d’expression par l’analyse sémantique, syntaxique, morphologique ouphonétique de la langue. Le dictionnaire aide à valoriser les comportementsverbaux dans une société où ces derniers tiennent une place socialementdiscriminante.» (Dubois et Dubois 1971: 7). C’est l’un des rôles dudictionnaire unilingue et, en ce sens, la communauté linguistique haïtienne agrandement besoin d’un dictionnaire unilingue créole. Il est importantcependant de souligner qu’un dictionnaire n’est absolument pas l’œuvre d’unseul auteur mais que c’est avant tout le résultat d’un travail d’équipe. Lesdonnées sur lesquelles sont construits les dictionnaires unilinguesspécialement ont été rassemblées après un long travail de terrain où lesquestions peuvent être posées oralement, durant une entrevue, ou à l’aide dequestionnaires écrits.
Selon l’article 213 de laConstitution de 1987, «une Académie haïtienne est instituée en vue defixer la langue créole et de permettre son développement scientifique etharmonieux». Pourquoi vouloir fixer une langue quand on sait qu’utiliserune langue reste une activité vivante, dynamique et créatrice? Toute langue doit évoluer, changer, se transformer. La variété kreyòl quiest parlée en Haïti en 2013 comporte de nombreux changements par rapport àcelle qui était en usage en 1930 par exemple. Plusieurs mots ont disparu,d’autres ont fait leur apparition, notamment dans le domaine des sciences, destechnologies, des relations quotidiennes, de la politique, del’éducation…D’autre part, les écrivains jouent un grand rôle dans l’évolutionet l’enrichissement de la langue. Cela se constate dans toutes les langues.«Fixer» une langue ne revient-il pas à étouffer l’activité créatrice desécrivains? L’article 213 de la Constitution semble signer l’arrêt de mort de lacréation lexicale des grands créateurs haïtiens d’expression créole telsFrankétienne, Robert Large, Georges Castera…
On se crée beaucoup d’illusions enprésentant l’institution d’une Académie de langue créole comme la solutionmiracle à tous nos problèmes d’ordre linguistique. S’il est vrai qu’il esttemps que décideurs et linguistes en Haïti doivent collaborer pour agir sur lastructure et sur le statut de la langue créole, il est tout aussi clair que cen’est pas l’établissement d’une Académie de langue créole qui règlera laproblématique créole dans la communauté linguistique haïtienne. Si l’on veutapporter une réponse pertinente au «problème linguistique haïtien»,c’est-à-dire la promotion du statut social de la langue première de tous leslocuteurs haïtiens nés et élevés en Haïti, ainsi que l’aménagement de la langueelle-même, sa codification, sa standardisation dans une société où la languedominante socialement, celle qui donne accès à la mobilité sociale, lefrançais, n’est pas parlée, ni comprise par l’immense majorité des locuteurshaïtiens, l’adoption d’une politique linguistique demeure indispensable.L’heure n’est plus aux décisions motivées par la recherche de «prestige» maldéguisé qui n’ont pas grand-chose à voir avec un traitement sérieux, efficaceet permanent du problème linguistique haïtien. A mon avis, ce qu’il faut enHaïti, c’est la mise en place d’une politique linguistique officielle,déclarée, «dotée d’un dispositif spécifique (structures, lois et textesréglementaires, agents)(Boyer 1996). C’est de cela que je parlerai laprochaine fois dans la suite de cet article.
A suivre
Références citées:
Boyer, Henri (dir.) 1996 Sociolinguistique. Territoire et objets. Switzerland: Delachaux et Niestlé. Calvet, Louis-Jean 1999 La guerre des langues et les politiques linguistiques. Paris: Hachette.Carrère d’Encausse, Hélène 2011 À quoi sert l’Académie française? Le Point.fr 25 /11/ 2011.Crystal, David 1987 The Cambridge Encyclopedia of Language. Cambridge: Cambridge University Press.
DeGraff, Michel 2007 Kreyòl Ayisyen, or Haitian Creole (‘Creole French’) in Comparative Creole Syntaxedited by John Holm and Peter L. Patrick, pp.101-126. United Kingdom: Battlebridge Publications.
Déjean, Yves 1993 Overview of the language situation in Haiti in International Journal of the Sociology of Language, 102: 73-83. Dubois, Jean et Dubois, Claude 1971. Introduction à la lexicographie: le dictionnaire. Paris: Larousse. Léger, Frenand (2011) Création de l’Académie du créole haïtien: futilité ou utilité sociale? in: AlterPresse, 29 octobre 2011. Lodge, R. Anthony. 1997 Le français. Histoire d’un dialecte devenu langue. Paris: Fayard. Milroy, James and Milroy Lesley 1991 Authority in Language. Investigating Standard English. London: Routledge.
Rousseau, Louis-Jean 2005 Elaboration et mise en oeuvre des politiques linguistiques.