Turbulence
Par Lenous Guillaume-Suprice
Montréal, le 28 septembre 2019
In memoriam Lyonel Icart (1955-2019)
« Maintenant, après tant d’années d’errance, cette vieille valise me sert encore de bagage. Où que j’aille, je la traîne. » Karim Akouche
« Je ne dis à personne de me suivre\ Je vais au lieu choisi\ Sur la voie que je trace\ Au pays de moi-même. » Gary Klang
(À la mémoire de Lyonel Icart, ami de longue date, ex-collègue de sport et de travail)
Tes fenêtres allaient légères au goût de ses alizés, toi à qui elle offrait sa succulence, jusqu’au jour de sa fourberie, jusqu’à l’heure où elle a libéré les aboiements d’une foudre de tous les diables à ton détriment
La juge Vida, la vache, le long de son courant émeraude, soudain devenait sourde et se fermait les yeux à la condamnation de tes veaux-espoirs, eux pourtant bien entêtés lorsqu’ils embouchaient sa flûte-mamelle en touches sublimes à Ndjamena, Port-au-Prince, Paris, Montréal…
Sa turbulence devenait plus lourde qu’un oiseau blessé sur un pan de ton arbre dans l’abîme. Et quand tu as eu à la soulever dans ta barque sans voile ni moteur, une fragilité a enfourché ton fougueux cheval d’octobre
Avant l’estocade de l’impassible juge, loin, très loin même, tu étais d’imaginer qu’il n’allait te rester qu’une fraction d’éclaircie à goûter dans son giron, à la tombée à peine de l’automne en ton champ
Même si le tournant pris par le fleuve de son allégresse était à des années-sécheresse de ton embouchure, toi, tu n’étais pas fin prêt d’oublier certains refrains de ses contours ni de ses chatteries à bouche-que-veux-tu, te débattais pour le ramener à son cours de tranquillité entre tes rives, n’ayant jamais eu trop peur des monts-défis à soulever
Et même si tu n’avais plus d’indices pour deviner si ta silhouette était bien mise encore dans ses miroirs, tu appréciais, plus fort que tout, les moindres apparences de sa clarté sur ta pénombre d’avenue
Parce que, toi, si quelqu’un t’a offert même un quart de bienfait, quand tu avais faim de plénitude, tu étais du genre à lui donner une outarde (ou même plusieurs) à manger, à lui rendre infiniment symphonie, à ne pas lui jouer la sonate d’une indifférence au piano de l’impolitesse