Anthony Phelps lauréat du 27e Prix Carbet
de la Caraïbe et du Tout-monde 2016
pour l’ensemble de sonœuvre
L’Institut du Tout-Monde présente la 27e éditiondu Prix Carbet
de la Caraïbe et du Tout-Monde
« Les écritures convergentes »
Cayenne / Saint-Laurent-du-Maroni /Mana
GUYANE
C’està un véritable monument de la littérature haïtienne que revient cette année lePrix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde. Auteur d’une œuvre immense, poèteet romancier, Anthony Phelps est avec René Depestre et Franketienne l’un desgrands aînés de cette littérature haïtienne par ailleurs si foisonnante entalents. Né en 1928, son nom est inséparable du mouvement « Haïtilittéraire » fondé au début des années soixante avec notamment RenéPhiloctète et Davertige, et qui représenta en pleine dictature duvaliériste àla fois un éminent pôle de résistance et un profond levier de renouvellement del’expression littéraire et artistique haïtienne. Le poète a payé cette libertédans les prisons du régime de François Duvalier, avant de s’exiler à Montréaloù il devient journaliste et développe une œuvre littéraire fondamentale. Sacélébrité est inséparable d’un recueil de poésie devenu tutélaire, Mon paysque voici publié en 1968. En mai dernier, les Éditions Bruno Doucey luiconsacraient une anthologie de sa poésie, Nomade je fus de très vieillemémoire et cette année, la liste finale du Prix Carbet comprenait ledernier recueil en date d’Anthony Phelps, Je veille, incorrigible féticheur (toujoursaux Éditions Bruno Doucey, 2016). C’est un poète essentiel que couronne cetteannée le Prix Carbet.
DÉCLARATIONDU JURY
« …Ô mon pays… si triste est la saison… qu’il est venu le temps de se parler parsigne… »
Attendu,que pendant les dures années de la dictature des Duvalier, des générationsd’haïtiens ont lu, répété, appris les vers de cet immense poète,
Attendu,qu’il a institué la poésie comme oxygène de toute son existence, l’amouret la beauté comme fécondes inquiétudes,
Attendu,qu’il témoigne tantôt de sa terre fébrile, tantôt de son pays natal toujoursrêvé,
Attendu,que son œuvre, par ses qualités musicales et ses intentions éthiques, s’esttournée vers le beau et le mystérieux, vers « l’inconcision » etl’enfantement de rythmes nouveaux, vers des symboles qui repoussent au plusloin les raisons et qui récite à travers sons et lumières, une poésietranspercée de mots inquiets jusqu’à la jonction de toutes les choses.
Attendu,que poète-soleil aux portes des banquises, maitre d’œuvres d’acierfaçonnées à partir d’éléments si simples et si élégants qu’elles nousentraînent dans les multiples secrets – imbibés d’imprévus et de mauvaissouvenirs – de l’espace et de la réalité.
Attendu,que son œuvre enracine tout en convoquant les paysages du monde,
Attenduque, nonobstant l’exil, les dictatures, les souffrances, la lutte pour laliberté, son œuvre faite de signes ambigus, de sable, de vent, d’eau et de feuchante l’amour, la liberté et l’éclosion des chairs incertaines,
Le jury du PrixCarbet, réuni à Cayenne ce vendredi 16 décembre,
accorde son hommage del’année 2016 à monsieur Anthony PHELPS
pour l’ensemble de sonœuvre.
MESSAGEDE REMERCIEMENTS D’ANTHONY PHELPS
À Madame SylvieGlissant
Aux membres dujury
Je suis désolé dene pouvoir être présent parmi vous, pour recevoir le Prix Carbet de la Caraïbeet du Tout Monde. Ce Prix m’aurait permis de faire la connaissance de la Guyaneet de son peuple et de participer à cette semaine culturelle.
Je suis, à lafois, heureux et très fier de recevoir ce Prix.
En 1967, au coursd’un voyage à la Martinique, j’ai eu le plaisir de rencontrer Edouard Glissant.Rencontre chaleureuse entre deux poètes, qui se connaissaient par leurs livres,et partageaient une même passion pour la Caraïbe.
Cinquante ansaprès, par ce Prix, j’ai l’impression qu’Edouard Glissant m’ouvre sa maison denouveau. J’en suis très touché.
Un grand merci àMadame Sylvie Glissant, merci aux membres du Jury qui ont choisi de couronnerl’ensemble de mon oeuvre.
Incorrigibleféticheur, je continue ma lente marche de Poète…
Amicalessalutations de Montréal.
Anthony Phelps
Source :Institut du Tout-monde
REMISE DU 27e PRIX CARBET DE LA CARAÏBE ET DU TOUT-MONDE, À PARIS
Jeudi 5 janvier 2017, 19h
« Nomade je fus de très vieille mémoire »
Anthologie
Par Anthony Phelps
aux Éditions Bruno Doucey
Paris,février 2012
Le mot del’éditeur Quiest Anthony Phelps ? Les uns diront qu’il est l’auteur d’un livre culte, Mon pays que voici, véritablehymne à sa terre natale, Haïti. D’autres verront en lui l’un des grandsécrivains de la Caraïbe, exilé au Québec, une figure phare des cinquantedernières années. Pour moi, son second éditeur de poésie en France aprèsPierre-Jean Oswald, il est aussi un formidable passeur de mémoire, un homme deparole et de coeur, un ami. Nomade jefus de très vieille mémoire…L’anthologie personnelle que nous publions donne à lire le meilleur de sonoeuvre poétique. Le livre s’ouvre sur un recueil publié en 1961 et se clôt sur Uneplage intemporelle, paru à Montréal en 2011. Entre ces deux dates, unedouzaine de titres invitent le lecteur à suivre le fil sans cesse ramifié d’unevie en poésie. Qu’il évoque son enfance heureuse en Haïti ou l’Amérique métissequi l’a accueilli, qu’il dénonce les dictatures ou célèbre l’amour, AnthonyPhelps est le poète d’un chant profond dont le souffle ne s’est jamais épuisé.
Extrait
« Je continue ô mon Pays
ma lente marche de poète
un bruit de chaîne dans l’oreille
un bruit de houle et de ressac
et sur les lèvres un goût de sel etde soleil
Source :ÉditionsBruno Doucey