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Linguiste-terminologue,Robert Berrouët-Oriol a mené une carrière professionnelle à l’Office québécoisde la langue française où il a notamment été concepteur et responsable duprogramme de coopération avec les Écoles de traduction du Québec et du Canada. Parla suite, il a enseigné à la Faculté delinguistique de l’Université d’État d’Haïti et à l’Université Quisqueya.
Originaire d’Haïti, Robert Berrouët-Oriol est linguiste, poète et essayiste. Son recueil «Poème du décours» (Éditions Triptyque, Montréal2010), finaliste duPrixdu Carbet et du Tout-Monde, aobtenu en France le Prix de poésie du Livre insulaire Ouessant 2010. Enreconnaissance de son œuvre littéraire, le Conseil des arts du Canada l’a nomméen 2012 membre du Jury du Prix de poésie du Gouverneur général du Canada(section de langue française).
Il est coordonnateur et coauteur de «L’aménagement linguistique en Haïti :enjeux, défis et propositions» (Éditions du Cidihca, Montréal, et Éditions de l’Université d’Étatd’Haïti, 2011).
Sa nouvelle œuvre de fiction poétique, «Découdre le désastre suivi de L’îleanaphore» est parue, à Montréal, en mars 2013auxÉditionsTriptyque . La Société des écrivains francophones d’Amérique a attribué en novembre 2013 la Mention d’excellence à ce recueil.
Oeuvre de fiction la plus récente : Éloge de la mangrove» (Éditions Triptyque, 2016). Dernière publication : La question linguistique haïtienne / Textes choisis (Éditions Zémès, Port-ùu-Prince, juin 2017).
Extraits
à l’halètementdu Nordé
dans la patientegéodésie de tes gestes
le front ceintde craie j’exile
ma transhumance
ma forge utérine
ma chevrotante misaine
d’épissureslichées
ourlées
sur lentarpentage d’icône
contre l’oublihalluciné de soi
un parjure prédateur
le sein timbré de nuit
dresse rictus samalemort
sépulcre en crue
à consumer emblème
l’ultime ondéede toi
qui du timbrebêche ses grains
et que découd laterre
à l’antienne duliant
à l’étreinteeffeuillée de tes ils
ouverts
hissés
démâtés
offerts
en ronde debivouac
perdurel’incipit sur ma couche
ton îliennemagie
d’as piqué detrèfle
d’odorantesaltation des corps
contre l’amnésie
de soi
ÉLOGE DE LA MANGROVE
(Manuscrit inédit – Extraits de la première partie : « Six piccolos pour une mangrove »
Rome – Montréal, septembre 2013)
tu dis lechaos amoureux ah le si le do
le la si vainemétaphore
de nosdécombres de vie tu dis
et voiciqu’au syllabaire d’ultime paraphe
j’ouvre en moi baie diseuse
par roulisde mémoire
à pister
encor
fragile sablier du Temps
palabreuse la mangrove est dans laville
et toute labeauté du monde défile sur tes labiales
pour fleurerchacune de tes énigmes
à l’orée de tes pores pèlerin je jette l’ancre
étêtant tiennesrives
mienneslucioles
j’orchestre remous sous bassins crépus
dans la géodésie de ma folie
à païenne kermesse des bulbes
ô bègue et silencieuse ondée des palétuviers
je t’épiesous indexe dictée
c’est partes paumes en aviron
dans le feulementd’hier
que j’écris
recto verso en toi
l’irrévérenceultime
il en futainsi à ton insu
dans mescahiers d’école buissonnière
Naples autrementme fut contée
pour médirede Rome l’impie
qu’au tarmacde ta anche je baptise
au nom dupère trop tôt parti frayer routes salines
et destinmaraudeur
aux gorges d’une quête introïte
sous tes draps de lune
rue des Miracles
j’ai confié tant de détresses toutes faussaires
la rue duport à Naples s’agenouille
en mémoire decavales polyglottes
grisée sapierre porte stigmates et stupre
dans l’alphabetdu coït
à Naples
la prophétiedu germe parle langues mangroves