Clivages et convergences : les études littéraires québécoises sous le signe de la Caraïbe
Par Józef Kwaterko
Université de Varsovie
Étude publiée en avril 2019 avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Source : numéro 10 (2018) p. 33-47, revue TransCanadiana (revue de l’Association polonaise d’études canadiennes)
Résumé : En partant du constat de Pierre Nepveu dans L’écologie du réel (1988) sur les « transferts du Sud au Nord » offerts par les écrivains québécois d’origine haïtienne, cet article se propose d’examiner la contribution des critiques caribéens aux études littéraires au Québec. On considérera en particulier l’apport des Haïtiens immigrés au Canada et au Québec comme Max Dorsinville, Maximilien Laroche, Robert Berrouët-Oriol, Jean Jonassaint ou Joël Des Rosiers, sans négliger celui de Fernando Ortiz (Cuba), Neil Bissoondath (Trinidad) et Édouard Glissant (Martinique). Ces chercheurs, critiques et penseurs ont proposé des concepts théoriques, mais aussi des idées et des motifs qui auront été absorbés et retravaillés par la critique québécoise contemporaine, l’ouvrant à une réflexion intense sur la situation postnationale, pluri- et transculturelle de l’espace littéraire au Québec.
This article stems from Pierre Nepveu’s assertion regarding “the transfers from the South to the North” made by Quebecois writers of Haitian origin (L’écologie du réel, 1988). My aim is to study the contribution made by Caribbean literary critics to Quebecois literary studies. I will focus my attention on Haitians who immigrated to Quebec, such as Max Dorsinville, Maximilien Laroche, Robert Berrouët-Oriol, Jean Jonassaint and Joël Des Rosiers. I will also examine the work by Fernando Ortiz (Cuba), Neil Bissoondath (Trinidad) and Édouard Glissant (Martinique). All these scholars, critics and thinkers have contributed concepts, ideas and motives that were adopted and reworked by Quebecois literary critics, resulting in a rich reflection on the postnational, pluri- and transcultural nature of Quebecois literary space.
Mots-clés : écriture migrante, transferts culturels, Caraïbes, Haïti, Québec
Keywords: migrant writing, Transculturalisms, Caribbean, Haiti, Quebec
En 1998, en parlant de l’hybridité croissante du paysage culturel québécois, due à la présence grandissante des intellectuels et écrivains migrants, Pierre Nepveu remarquait que les grands mythes du Nord et de l’Ouest qui avaient jusqu’alors hanté la culture et la littérature québécoises connaissent leur éclipse au tournant du XXe siècle. Désormais, ces représentations traditionnelles d’un ailleurs ou d’un au-delà face à un Québec cadastré et replié sur soi, se trouvent doublées par la figuration du Sud et proposent de nouveaux transferts de sens du Sud vers le Nord. Nepveu souligne avec insistance que le Sud, au lieu d’être un espace-temps assimilé de l’extérieur sur un mode de la réappropriation − comme au temps de la Révolution tranquille, du tiers-mondisme québécois et des « Nègres blancs d’Amérique », pour reprendre le titre de l’essai de Pierre Vallières (1968) − interfère sensiblement avec l’espace-temps québécois. Selon le critique, les écrivains haïtiens du Québec y contribuent de façon exemplaire :
Pourtant le sud ne vient pas seulement ajouter un autre pôle excentrique et exotique à l’aventure du Nouveau Monde. […] [L]e sud, aujourd’hui, est ce qui vient vers nous et habite de plus en plus notre espace. […] [L]e sud se trouve à devenir une figure de notre intérieur, une réalité qui vient habiter notre domaine, l’interroger, le changer. […] Au Québec, c’est par l’immigration haïtienne que se produit principalement ce transfert […]. […] [P]ar Haïti, c’est pour la première fois une immigration américaine, d’ascendance africaine et de culture forcément syncrétique, qui investit notre nord-est et travaille le dedans du lieu montréalais, le dissémine, le tropicalise, le bariole de signes foisonnants et contradictoires. (Nepveu : 1998, 329-330, en italiques dans le texte).
Les précurseurs
Dans son étude, Nepveu pense surtout à des romanciers comme Gérard Étienne, Émile Ollivier et Dany Laferrière dont l’écriture inscrit l’altérité comme l’expérience essentielle de l’identité culturelle du Québec à la fin du siècle dernier : une identité composite, faite de superpositions, de recoupements, au-delà de toute homogénéité. Il nous semble cependant que cette reconfiguration des lignes de force où le Sud impose sa présence spécifique peut être observable également à l’endroit de la critique littéraire qui va s’ouvrir tout au long des années 1990 à ce qu’on pourrait appeler une « créolisation » : un pluralisme de références, angles d’approche et concepts ayant trait à la diversité culturelle même des chercheurs universitaires et des critiques. Les travaux littéraires des auteurs d’origine haïtienne sont ici particulièrement intéressants car ils soulèvent souvent des questions nouvelles qui se trouveront à leur tour au cœur des préoccupations des intellectuels québécois d’ascendance canadienne-française ou d’origines diverses. À cet égard, avant d’aborder les apports contemporains à la critique québécoise par des auteurs d’origine haïtienne et, plus largement, caribéenne, comme nous le verrons par la suite, il convient de parler de deux chercheurs qui font figure de pionniers : Max Dorsinville (professeur à l’Université McGill) et Maximilien Laroche (professeur à l’Université Laval).
Dans Caliban without Prospero. Essays on Quebec and Black literature (1974), Dorsinville interroge la parabole shakespearienne du conflit entre Prospero et Caliban dans La Tempête pour décrire les rapports entre les colonisateurs et les colonisés noirs. Ces deux personnages, qui symbolisent selon lui la dialectique entre la civilisation européenne et le primitivisme, l’urbanité et la sauvagerie, lui permettent de voir des parallèles entre la représentation de l’expérience sociale dans le roman québécois des années 1950 et 1960 et dans le roman des écrivains noirs aux États-Unis, dans la Caraïbe et en Afrique. Derrière la posture rebelle de Caliban, qui se situe du côté des faibles et revendique l’égalité avec Prospero, son alter ego européen, il perçoit la situation des littératures québécoise et afro-américaine en tant que « littératures post-européennes » (202), celles qui s’écartent de l’imitation des modèles européens dominants. On ne doit pas s’étonner que la typologie des littératures émergentes proposée par Dorsinville sera largement citée dans The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures comme contribution avant la lettre à la critique post-coloniale (Bill Ashcroft, Garet Griffiths and Helen Tiffin 30-32). Il en va de même de Diana Brydon qui verra dans cette lecture politique de La Tempête une réécriture déconstructionniste (Brydon 76-77). Dans son second essai critique, Le pays natal. Essais sur les littératures du Tiers-Monde et du Québec (1983), Dorsinville traite de la « négritude » comme idée-image et thème fort de la réappropriation identitaire qui caractérise la poésie et le théâtre québécois sous l’impulsion du Cahier de retour au pays natal (1939) d’Aimé Césaire.
Pour sa part, dans son article, « La conscience américaine de la nouvelle poésie québécoise » (1966), Maximilien Laroche estime que les poètes québécois des années 1950-1965 (ceux qui sont groupés autour des éditions de l’Hexagone) ont voulu se définir par rapport à la France « latine, européenne, cartésienne et ironique » et à l’Amérique « nordique, anglo-saxonne et pragmatique » (71), en exprimant en français leur sentiment d’appartenance au continent américain, aux « mille et une Amériques » (75). Quatre ans plus tard, en 1970 dans Le miracle et la métamorphose. Essais sur les littératures du Québec et d’Haïti, Laroche va poser les balises aux études sur l’américanité de la littérature québécoise qui vont se déployer pleinement dans les années 1980 grâce, entre autres, aux travaux de Gilles Marcotte, Pierre Nepveu, Jean-François Chassay, Lise Gauvin, Simon Harel, Zila Bernd et Jonathan M. Weiss (voir Melançon 1989). L’essayiste perçoit déjà chez Nelligan et Saint-Denys Garneau l’émergence d’une conscience américaine non pas à travers une thématique explicite, mais dans le langage poétique même où le sentiment de la solitude, de l’isolement et de l’exil se conjugue avec « un désir d’émancipation » (15) qui se traduit par une nouvelle relation au paysage et aux mythologies du Nouveau Monde. Cette rencontre avec l’Amérique, intériorisée et articulée sur un mode intime, opère, selon lui, un décrochage vis-à-vis des modèles romantiques français et ceux de la poésie régionaliste canadienne-française avec son discours traditionnel et fortement idéologique sur l’« âme du Canada français ». Il observe que chez les poètes québécois contemporains (Jean-Guy Pilon, Gatien Lapointe, Pierre Perrault, Paul Chamberland), la figure du « pays », éprouvé à la fois comme absence et comme revendication de l’être, de même que la forte présence de l’Amérindien, ce « tiers obligé » et « absent » en même temps, sont des figures essentielles de l’américanité. Chez les poètes haïtiens (Jacques Roumain, Jean-F. Brierre, René Depestre, Davertige, Magloire Saint-Aude), Laroche trouve également des accents américains, en particulier dans leur traitement moderne du passé ancestral et religieux africain, là où le nouveau sens du sacré qui prend naissance en Amérique instaure un rapport « sauvage » et insolite au réel (le réalisme merveilleux, les crises de possession vaudouesque, l’érotisme « mystique », la créolisation du français comme langue d’écriture). En effet, pour Maximilien Laroche, l’Amérique continentale et insulaire est imprégnée de syncrétisme culturel où s’imbriquent trois grandes cultures : africaine, européenne et amérindienne. Au croisement de ces trois cultures, on retrouve l’homme américain, « un homme venu d’outre-mer et qui a dû rompre avec sa civilisation originelle » (237).
Complicités critiques
À partir de la moitié des années 1980, avec l’échec du premier référendum sur la souveraineté, on observe au Québec la fin de « grands récits » sous-tendus par les enjeux sociopolitiques et l’entrée de la culture québécoise dans la postmodernité. Dans cette conjoncture nouvelle – la volonté de plus en plus manifeste chez les écrivains de se distancer des signes proprement « québécois » (langagiers, culturels, identitaires), la multiplicité de voix, de formes, la prolifération d’œuvres des auteurs immigrés, la prise en compte du pluralisme social et de l’hétérogénéité culturelle du pays – la littérature québécoise cesse d’associer territoire et identité, lesquels définissent ce que Guy Scarpetta appelle le « dispositif de l’enracinement » (Scarpetta 183-184). Désormais, on constate l’élaboration de diverses « fictions de l’identitaire » (voir Simon, L’Hérault, Schwartzwald, Nouss), soustraites au paradigme d’une littérature nationale et de plus en plus marquées par une perspective individuelle, « décentrée » par rapport au sentiment d’unanimité culturelle.
Les critiques québécois d’origine haïtienne participent pleinement à ces interrogations sur la cosmopolitisation du paysage culturel québécois. Plusieurs auront proposé des idées, des concepts d’analyse et des formulations qui ouvriront de nouvelles perspectives à l’étude des transferts culturels qui se reflètent dans la fiction littéraire au Québec. En 1986, Jean Jonassaint, intellectuel haïtien, fondateur de la revue Dérives (1975-1987) qui a joué un rôle important dans la mise en évidence du potentiel culturel des immigrants au Québec[1], publie une série d’entretiens, Le pouvoir des mots, les maux du pouvoir : des romanciers haïtiens de l’exil, consacrée à la production et la réception des œuvres des romanciers haïtiens condamnés à l’exil par la dictature militaire de François Duvalier. Un an plus tard, faisant écho au texte de Jonassaint, Robert Berrouët-Oriol, linguiste et poète originaire d’Haïti, installé au Québec depuis 1969, va proposer une première étude relative au concept théorique d’« écritures migrantes ». Il s’agit d’un court article « L’effet d’exil », paru dans la revue transculturelle, Vice Versa, fondée en 1983 par les Italo-Québécois, Fulvio Caccia et Lamberto Tassinari, qui sera à l’origine de très nombreux débats et recherches sur la place de plus en plus identifiable occupée par les écrivains québécois de différentes communautés culturelles (voir Mouneimné 17-32, Mossetto, 2006 et Caccia, 2010). Berrouët-Oriol part du constat que « la littérature québécoise contemporaine est encore en train de faire le deuil du discours identitaire univoque » (20) pour dénoncer la marginalisation des « voix migrantes » qui se battent pour leur reconnaissance institutionnelle dans l’enseignement, les revues littéraires et le marché éditorial. En 1992, Robert Berrouët-Oriol et Robert Fournier (un linguiste québécois) vont identifier ces voix « venues d’ailleurs » comme faisant déjà partie du « micro-corpus » (Berrouët-Oriol et Fournier 12) de la littérature québécoise. Ils les définissent selon deux catégories thématiques comme écritures « migrantes » (marquées fortement par le passé originel ou la mémoire du pays laissé ou perdu, réel ou fantasmé) et écritures « métisses », qui subissent des effets d’hybridité au contact des voix d’« ici », étant confrontées davantage avec la réalité présente de l’exil (12-13).
Pierre Nepveu, reprenant un an plus tard la perspective proposée par Berrouët-Oriol dans son article, cherche à montrer comment l’écriture migrante des années quatre-vingt coïncide avec la littérature québécoise dont l’imaginaire « s’est largement défini, depuis les années soixante, sous le signe de l’exil (psychique, fictif), du manque, du pays absent ou inachevé et, du milieu même de cette négativité s’est constitué en imaginaire migrant, pluriel, souvent cosmopolite » (Nepveu 1988 : 200-201). En même temps, Nepveu affine l’approche thématique de Berrouët-Oriol se rapportant à l’expérience migratoire au plan socioculturel, en mettant davantage l’accent sur la démarche esthétique des écrivains migrants, sur l’expérience de l’exil inscrite dans le tissu narratif même en tant qu’hybridation des lieux, brassage de langues et de cultures, dérive mémorielle et fragmentation du récit (233-234).
Il est significatif qu’à la suite de ces recherches entreprises depuis la fin des années quatre-vingt, au moment même où l’identité nationale se remet en cause, les chercheurs québécois de toutes origines vont non seulement constater la montée des écritures migrantes, mais essayeront de mettre fin à leur carence, dénoncée par les Haïtiens exilés.
Postures critiques et poétiques
Sherry Simon est une de premières à ouvrir des perspectives nouvelles en définissant la « perspective minoritaire » dans le prolongement de la réflexion de Deleuze et Guattari sur la « littérature mineure », décrite déjà par Kafka (Deleuze et Guattari 1975). Selon elle, c’est la langue qui occupe la première place quand il s’agit d’ « écrire la différence » (Simon 459). Simon Harel (1989) abonde dans le même sens lorsqu’il définit la « traversée des langues » (Harel 23) comme un des aspects déterminant le cosmopolitisme romanesque. Régine Robin s’appuiera elle aussi sur la notion kafkaïenne pour critiquer la catégorisation ségrégationniste de deux groupes d’écrivains : « Québécois ethniques » et « autres Québécois » ou « Néo-Québécois » (Robin 10). Robin se fait ainsi porte-parole des exclus dans la revendication d’un « nous » différencié et inclusif ; elle se révolte contre la « tentation de la ghettoïsation » et « l’assimilation » et parle du cosmopolitisme non pas comme un « hors lieu », mais comme une position assumée esthétiquement qui « consiste à traverser les codes, à s’en jouer, à développer une parole nomade qui ne soit pas une parole d’exil » (13-14). Pour sa part, Anthony Phelps, écrivain de la première vague d’immigration haïtienne qui publie au Québec depuis 1965, s’opposera violemment contre toute assignation à un « sous-groupe » : « Allons-nous reproduire au Québec, dans le domaine de la création littéraire, cette dichotomie canadienne à créer deux solitudes : l’écriture pure laine et l’autre : migrante ? » (Phelps 85).
En 1996, dans sa célèbre conférence à l’Université de Montréal, « L’arpenteur et le navigateur », qui a suscité une violente polémique (voir Jarosz 2008), Monique LaRue emploie la métaphore de l’arpenteur et du navigateur pour désigner respectivement l’écrivain québécois « de souche », traditionnellement marqué par l’« ici », c’est-à-dire les topoï de la sédentarité et le sentiment de l’appartenance à un groupe défini (un « nous » ethnique), et l’écrivain immigrant, souvent exilé, attiré par l’ailleurs et voué au nomadisme, hors de toute fixation territoriale et sans filiation identitaire forte. Cette répartition lui permet de constater l’hétérogénéité de la littérature québécoise, riche de sa condition bifocale, et de récuser, dans un dialogue rapporté avec un de ses collègues de plume, les reproches de ce dernier à l’endroit des écrivains immigrés, lesquels « n’intègrent à leur écriture aucune des caractéristiques linguistiques issues de la démarche stylistique propre à la littérature québécoise » étant « plus sensibles à la problématique étrangère qu’à la nôtre » (LaRue 8-9).
Dans la volonté de questionner les postures identitaires et d’échapper en même temps aux catégories restrictives, cantonnant les écrivains immigrés dans une condition minoritaire, deux écrivains d’origine haïtienne, Émile Ollivier et Jean-Claude Charles, vont déplacer la question de leur appartenance au champ littéraire québécois vers une échelle plus large, tout en interrogeant leur propre parcours. Le premier va refuser les traquenards de l’assimilation :
À vrai dire, j’éprouve quelque irritation devant l’épithète d’écrivain-migrant puisque je me sens enfermé dans un piège, le ghetto, alors que je fais tout pour m’en évader. Je me sens, avec cette étiquette, réduit à ma singularité d’immigrant, cantonné dans une condition minoritaire qui fait ainsi de moi un être unidimensionnel, mutilé d’une large ouverture sur le monde […] (Ollivier 70).
Défiant tout enfermement dans un particularisme sociologique ou ethnique, Ollivier préfère parler d’ « écrivain de frontières » pour s’identifier à ceux qui « du fait d’être des migrants, ont perdu petit à petit leur certitude face à la ‘pureté ethnique’ pour acquérir une ‘identité incertaine’ forgée à partir de leur expérience migratoire » (69).
Jean-Claude Charles, journaliste et écrivain nomade, habitant entre Paris, New York et Montréal, propose une réflexion sur l’espace postmoderne de la migration en se servant de l’oxymoron enracinerrance (imbrication d’ « enracinement » et d’ « errance ») qui dit à la fois la mémoire des origines et les réalités nouvelles de la migration. Par cette idée-image qui érige le nomadisme en une esthétique, Charles met l’accent sur le mouvement perpétuel de dérive et de voyage entre le lieu d’origine et les lieux d’exil ainsi que sur la discontinuité qui caractérise son propre style d’écriture et sa narration (Charles 2001).
La réflexion sur la littérature migrante aura débordé les frontières du champ littéraire du Québec. En Pologne, dans une contribution originale qui élargit le corpus québécois par la prise en compte des écrivains immigrés en France (Vassilis Alexakis, Milan Kundera, Andreï Makine, Assia Djebar), Piotr Sadkowski introduit le concept de « récit odysséen », en regard de l’expérience avant- et après exilique de l’écrivain, figuré dans le texte comme personnage. Un tel concept opératoire lui permet d’analyser « […] les fictions illustrant l’aventure d’un personnage exilé, qui au cours du voyage de retour (réel et/ou imaginaire) à son pays natal ou ancestral (ou encore rêvé comme tel), confronte divers aspects de son identité éclatée suite au vécu migrant. » (Sadkowski 49). En France, Jean-Michel Moura rangera les écrivains migrants parmi les écrivains postcoloniaux compte tenu de l’inscription dans leurs œuvres des rapports de force entre les pays historiquement dominés et économiquement dominants (Moura 4-5). Il en va de même de Xavier Garnier qui observe de fortes implications politiques dans la plupart des « littératures du Sud » (Garnier 24). Notons également la parution d’un important Dictionnaire des écrivains migrants de langue française. Passages et encrages (1981-2011), publié sous la rédaction de deux chercheuses autrichiennes, Ursula Mathis-Moser et Birgit Mertz-Baumgartner, qui regroupe les écrivains nés en dehors du territoire français, mais vivant et publiant en France (Moser et Mertz-Baumgartner 2010).
Une pareille attention aux phénomènes de la mondialisation de la littérature migrante à l’époque actuelle est au cœur de la réflexion de Joël Des Rosiers, poète, médecin et essayiste d’origine haïtienne, auteur de deux importants essais, Théories caraïbes: poétique du déracinement (1996) et Métaspora: essai sur les patries intimes (2013). Dans le premier, en déconstruisant le concept de Berrouët-Oriol, il parle de l’effet de « l’ex-île » qui traduit un nouveau positionnement identitaire de l’écrivain haïtien, installé en diaspora québécoise à l’âge précoce (enfant ou adolescent) et libéré des angoisses de l’exil et du sentiment de l’écartèlement entre Haïti et le Québec. On peut dire que la mémoire des origines reste pour lui plus fictive que réelle, ce qui l’autorise à déployer des modalités d’écriture qui mettent à distance la nostalgie du pays natal ou encore à travailler ce manque comme un fantasme (Des Rosiers 1996 : 10-15). Dans son second essai, Des Rosiers construit l’image de métaspora qui transcende et englobe le concept de « diaspora », « idéaliste, romantique et nostalgique » (Des Rosiers 2013 : 35). La charge sémantique du préfixe « méta » y est plus complexe. Elle nous situe d’une part dans un dépassement de la condition diasporique en tant que processus (dispersion, dissémination par la traversée des frontières nationales) ; d’autre part, elle permet de déceler les signes contemporains des grands traumatismes éprouvés par tous ceux qui cherchent à s’échapper de pays devenus invivables. En outre, étrangère au repli territorial et aux enracinements ethnicistes, elle est mieux à même de traduire notre expérience contemporaine de transmigration, des allers et des retours, réels ou imaginaires.
Si le néologisme de métaspora relève de la démarche poétique de Des Rosiers, il n’est pas éloigné des reconfigurations conceptuelles des interactions culturelles introduites au Québec par d’autres Caribéens. Le concept de « transculture » et sa portée heuristique doivent être ici considérés au premier plan. Il a été explicité et discuté pour la première fois au Québec par Jean Lamoré dans la revue Vice Versa en 1987 et ensuite repris par lui dans un collectif Métamorphoses d’une utopie. Le pluralisme ethno-culturel en Amérique : un modèle pour l’Europe ?, publié en 1992 par Jean-Michel Lacroix et Fulvio Caccia. Lamoré se fonde sur le travail pionnier de l’anthropologue cubain, Fernando Ortiz, disciple de Bronisław Malinowski, qui applique le terme de transculturación à l’étude de la complexité ethnoculturelle et interraciale de Cuba dans son ouvrage, Contrapunteo cubano del tabaco y azúcar (1940), publié en 2013 au Québec en français aux éditions Mémoire d’encrier sous le titre Controverse cubaine entre le tabac et le sucre. La « transculturation » est pour l’inventeur du terme la synthèse des phénomènes d’acculturation et de déculturation. Ortiz insiste sur la nature dynamique et inachevée des transmutations qu’elle met en jeu : « Elle est toujours un processus dans lequel on donne quelque chose en même temps qu’on reçoit : les deux parties s’en trouvent modifiées. Il en émerge une réalité nouvelle qui n’est pas une mosaïque de caractères, mais un phénomène nouveau, original et indépendant » (Lamoré 19). En ce sens, la transculturation réciproque des éléments en présence ne se rapporte ni à l’interculturalité, entendue comme échange qui implique des accommodements, ni au multiculturalisme qui a une connotation sociopolitique et préconise une coexistence des cultures comme dans le modèle fédéral canadien. Elle s’en démarque dans la mesure où elle suppose un « choc » (Lamoré 45) et une contamination entre, à travers (trans-) et au-delà des cultures qu’elle absorbe et qu’elle met à distance en même temps, en produisant une entité originale.
En critiquant la définition sublimée de la transculture au sein de la revue Vice Versa qui l’utilise à côté des concepts flous (métissage, hybridation, syncrétisme), Pierre Nepveu souligne que cette dernière repose surtout sur le « refus de toute appropriation de la culture à l’intérieur d’une identité et d’un territoire réel » et sur « la conviction que toute culture se définit d’abord sur sa capacité d’autoaltération, de dépaysement, de migration » (Nepveu 1989 : 19). Fidèle à la pensée d’Ortiz, Nepveu interroge le paysage culturel au Québec pour constater que « la transculture se donne comme une alternative culturelle au projet d’une culture québécoise définie en termes d’identité, d’appropriation, d’homogénéité » (20). À partir de là, il invite à dépister dans les œuvres littéraires québécoises − celles de Nicole Brossard, Yolande Villemaire, Jacques Poulin, Francine Noël, Régine Robin, Marilù Mallet − une pratique du dépaysement qui passe par l’ « expérience concrète de l’altérité » (25) et la redéfinition de l’ « ici » (27).
Neil Bissoondath, un autre Caribéen (d’origine trinidadienne), qui tient à son identité hybride en se définissant comme un « Indo-Trinidado-Antillo-Canadien » (Bissoondath 131), va dénoncer l’appropriation culturelle en pointant les effets pervers de la politique canadienne en matière du multiculturalisme canadien. Dans son essai, Selling Illusions. The Cult of Multiculturalism in Canada, paru en 1994, traduit et publié au Québec en français l’année suivante sous le titre Le marché aux illusions. La méprise du multiculturalisme, il s’élève contre la politique de discrimination positive sur laquelle repose le multiculturalisme qui encourage les membres des communautés culturelles à accuser les différences, à s’enfermer dans des ghettos en acceptant de ce fait leur marginalisation : « Les différences sont déjà assez évidentes sans qu’elles soient amplifiées par le multiculturalisme officiel et le culte grandissant de l’identité raciale et ethnique » (Bissoondath 134). Le message véhiculé par le multiculturalisme, étant celui de la division, n’épargne pas la littérature elle-même. Bissoondath souligne que les écrivains des premières nations ou immigrés au Canada, surtout ceux qui font partie des « minorités visibles », sont souvent « racisés » par la doctrine multiculturaliste : « Être “racisée” – dit-il – c’est s’être fait une conception raciale de la vie, avoir appris à se voir soi-même et à voir son passé, son présent et son futur à travers la couleur de sa peau » (115). C’est pourquoi les écrivains, quelle que soit leur appartenance ethnoculturelle, doivent rester inventifs et libres dans leur pratique d’écriture par rapport aux discours politiques dominants. En évoquant les prises de position d’un Kundera ou d’un Salman Rushdie, Bissoondath estime que chaque écrivain devrait récuser le rôle de porte-parole « propagandiste » (165) d’un quelconque groupe ethnique et plaider pour son autonomie dans le registre qui est le sien.
Opposé lui aussi à l’idéologie de l’enracinement et aux certitudes identitaires, Édouard Glissant, poète, romancier et essayiste martiniquais, compte parmi les intellectuels caribéens qui ont eu un impact important sur la critique québécoise. Il a fait plusieurs séjours au Québec, notamment en 1973 et 1976 lors des Rencontres internationales des écrivains québécois, organisées par la revue Liberté, et en 1994, où il a été invité à donner une série de conférences par le Centre d’études québécoises de l’Université de Montréal auxquelles ont activement assisté, entre autres, Joël Des Rosiers, Lise Gauvin, Pierre Nepveu, Robert Melançon et Gaston Miron. Ces conférences ont été publiées la même année par les Presses de l’Université de Montréal sous le titre Introduction à une Poétique du Divers. La pensée de Glissant, répugnant à toute clôture, s’est tissée autour de quelques motifs, images ou idées et repères comme « relation », « divers », « opacité », « métissage », « identité-rhizome » ou « créolisation ». Dans ses essais des années 1990 (Poétique de la relation, Traité du Tout-Monde, Introduction à une Poétique du Divers), il plaide pour l’acceptation de la différence en tant que relation transversale, sans qu’elle soit sublimée par une transcendance universaliste. Sa perception des littératures francophones va dans le même sens dans la mesure où la langue française s’y présente comme une langue composite en raison de sa diversité, irriguée de l’intérieur par une polysémie sociale et différentes formes du brassage culturel.
Parmi les critiques littéraires québécois, Lise Gauvin se réclame le plus manifestement de la réflexion de Glissant, en affirmant que la caractéristique des écrivains francophones est de se situer « à la croisée des langues » (Gauvin 1997). Dans ses travaux, elle se réfère souvent à l’idée du multilinguisme que Glissant formule comme « imaginaire des langues » (Gauvin 1992/1993 : 11, 19) et l’érige en un principe « poétique » (19), permettant à l’écrivain de rendre visible son rapport au monde à travers une coprésence des langues dans son écriture et de s’arracher ainsi au piège d’un monolinguisme centralisateur (12). Selon Gauvin, c’est cet imaginaire de la langue que l’écrivain francophone donne à voir sur un mode implicite ou manifeste à travers ses représentations langagières. À partir de là, elle forge le concept de « surconscience linguistique » que les écrivains francophones ont en partage, en identifiant la langue « comme le lieu de réflexion privilégié, comme espace de fiction voire de friction, comme territoire imaginaire à la fois ouvert et contraint » (Gauvin 2005 : 172). Les écrivains francophones font preuve, selon elle, d’une sensibilité particulière à la problématique de la langue d’écriture, l’exprimant soit dans un métadiscours soit la thématisant dans leurs œuvres comme tension, écart à la norme ou comme inconfort, mais aussi comme choix délibéré ou invention (Gauvin 2005 : 173). C’est pourquoi, précise Gauvin, « la notion de surconscience recouvre à la fois un sentiment de la langue, une pensée de la langue et un imaginaire de la/des langues » (idem, en italiques dans le texte).
On peut dire, pour conclure, que depuis le tournant des années 1980, la critique littéraire québécoise dans son ensemble aura été marquée de façon féconde par l’apport des penseurs et chercheurs caribéens. Leurs postulats théoriques, concepts et idées ont été absorbés par les recherches littéraires au Québec, lesquelles en portent des marques concrètes, sans que cette absorption soit pure et simple. Il faudrait plutôt dire que ces recherches se sont organisées avec et autour, sur un réseau de redéfinitions, de rapprochements et de croisements stimulants qui coulent désormais, pour ainsi dire, dans leur système nerveux. De leur côté, en bénéficiant d’une écoute de la part de la critique québécoise et en créant de nouveaux pactes de lecture, les chercheurs et essayistes caribéens sont devenus de ce fait des « gouverneurs de l’hiver », comme le dit Joël Des Rosiers en recyclant le titre éponyme du grand romancier classique haïtien, Jacques Roumain (Des Rosiers 1996 : 121). Cette métaphore du déplacement signale les liaisons et les points de recoupement entre le Sud et le Nord. Par extension, elle semble bien traduire la capacité de réinvention de la critique québécoise dans un paysage social et littéraire postnational où les cultures se conjuguent dans leurs multiples appartenances.
Bibliographie :
Ashcroft, Bill, Griffiths, Garet et Tiffin, Helen. The Empire Writes Back. Theory and Practice in Post-Colonial Literatures. London : Routledge and Kegan Paul, 1989. Imprimé.
Berrouët-Oriol, Robert. « L’effet d’exil. » Vice versa 17 (1986/1987) : 20-21. Imprimé.
Berrouët-Oriol, Robert et Fournier, Robert. « L’émergence des écritures migrantes et métisses au Québec. » Québec Studies 14 (1992) : 7-22. Imprimé.
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[1] Notons que les intellectuels québécois d’origine haïtienne ont fondé au Québec d’autres revues culturelles à vocation inter- et transculturelle. C’est le cas de Nouvelle Optique (1971-1973), animée par Hérard Jadotte, Karl Levêque, Cary Héctor, Colette Pasquis, Jean-Richard Laforest et Claude Moïse, et de Ruptures (1992-1998), revue quadrilingue (publiée en anglais, français, espagnol et portugais) que son premier directeur, Edgard Gousse, linguiste, chercheur et poète originaire de Jacmel, définit dès son premier liminaire comme « Un vaste projet d’amitié entre les peuples des Trois Amériques. Revue ouverte, aux dimensions plurielles ». Voir à ce propos Kwaterko (2011).