Faut-il, oui ou non, stimuler la création littéraire en Haïti[1] ?
Par Eddy Cavé
Ottawa, le 10 novembre 2014
Article reproduit en décembre 2017 avec l’aimable autorisation de l’auteur
Eddy Cavé
Éditions du Cidihca
- Introduction
À l’analyse des arguments justifiant l’une ou l’autre des réponses suggérées par cette question, il semble que la seule bonne réponse soit « oui, mais… ». En effet, tandis que les adeptes d’un certain libéralisme voudront laisser aux seules forces du marché la mission d’effectuer les ajustements qu’exige la situation actuelle, les partisans d’une évolution rapide préconiseront plutôt une stimulation concertée, planifiée et énergique de la création et de la production littéraires. Et comme il s’agit ici, non pas d’un sujet abstrait, mais d’un marché, celui du livre, les réserves du « oui, mais » reposeront dans une large mesure sur des considérations économiques.
- Survol et analyse des deux thèses
Sur la période d’un siècle allant de la consécration en 1913 du poète jérémien Etzer Vilaire par l’Académie française à l’accession en 2014 du romancier haïtiano-canadien originaire de Petit-Goâve Dany Laferrière au statut d’immortel, les lettres haïtiennes ont produit un nombre extraordinaire de bons auteurs venant de toutes les régions du pays. Faisant abstraction de la profusion d’écrivains produits par Port-au-Prince, je me contenterai de citer Anténor Firmin, du Cap haïtien ; Jean-Price-Mars, de Grande Rivière du Nord ; Jean Métellus et René Depestre, de Jacmel, etc.
Ce choix en apparence arbitraire a pour seul objectif de montrer que la production d’excellents auteurs par Haïti a été abondante et bien répartie non seulement entre les régions du pays, mais aussi entre celles-ci et la diaspora. Alors pourquoi changer une formule gagnante, diront certains ? Celle qui nous a valu les prix littéraires décernés notamment à Yanick Lahens, Gary Victor, Kettly Mars, Lyonel Trouillot ? Ou l’inscription présumée de Frankétienne sur la « short-list » du Nobel ?
À mon avis, les succès retentissants que connaissent à la fois les foires haïtiennes du livre et les auteurs haïtiens qui écrivent ou publient à l’étranger constituent un dangereux trompe-l’œil. Tout d’abord, ils laissent l’impression qu’il existe au pays une véritable industrie du livre, ce qui est faux.
Tout en constituant un puissant stimulant pour la création, les succès mentionnés précédemment incitent à l’autosatisfaction, à la complaisance et au laisser-aller. Encouragés par le nombre croissant d’auteurs, de lecteurs et de curieux qui se bousculent aux tourniquets de Livres en folie par exemple, les acteurs de l’industrie du livre semblent avoir de bonnes raisons de se reposer sur leurs lauriers. D’autant plus que le nombre de nouveaux titres en signature et le chiffre des ventes augmentent chaque année.
Au-delà d’une analyse superficielle de ces indicateurs statiques de succès, il est permis de se demander si la santé de l’industrie haïtienne du livre est aussi bonne qu’elle paraît et si l’analphabétisme chronique combiné à la faiblesse et à la mauvaise répartition de la richesse ne la condamne pas au sur-place. Il faut aussi se demander si cette industrie fonctionne à pleine capacité ou si elle tourne avec des marges inutilisées suffisantes pour pouvoir absorber sans pressions indues une augmentation de la demande, en amont et en aval. En amont avec une augmentation sensible du nombre d’auteurs qui veulent faire traiter, corriger, préparer des manuscrits pour la publication et imprimer des milliers de nouveaux titres sur une période relativement courte. En aval, avec la possibilité d’écouler une bonne partie de cette production sur le marché local et d’en exporter également une proportion intéressante.
Examinée à la lumière de ces données, la santé de l’industrie haïtienne du livre se révèle beaucoup moins solide qu’elle ne paraît au premier abord. En poussant l’analyse un peu plus en profondeur – c’est-à-dire, en soulevant les problèmes de compétitivité, d’inexistence de normes de qualité et d’incapacité de répondre à une augmentation soudaine de la demande interne de services d’édition et d’impression, etc. –, on arrive à ce constat troublant : l’industrie haïtienne du livre se porte plutôt mal. Ce que nous appellerons en Haïti l’industrie du livre est simplement un secteur mou, non réglementé, abandonné à lui-même et contraint à survivre au jour le jour grâce à l’énergie et à l’imagination créatrice de particuliers et des entreprises privées. Elle s’est épanouie dans la stagnation et ne semble pas vouloir briser ce carcan. Un état des lieux nous aidera à mieux expliquer la nature et la complexité des enjeux en cause.
- L’état des lieux
Comme il a été dit précédemment, les bonnes nouvelles ne manquent pas. Dans un article publié le 29 août 2014 par le quotidien français Libération, l’envoyé spécial en Haïti Émile Rabat, écrit :
« La moitié de la population ne sait ni lire ni écrire, pourtant le pays connaît un foisonnement littéraire sans précédent […]
D’après les statistiques que Libération s’est procurées auprès de la Bibliothèque nationale de Haïti, le nombre de romans enregistrés au dépôt légal a plus que triplé entre 1985 et 2013, passant de 10 à 35 ouvrages par an. En poésie, le tirage bondit lui aussi de 15 à 57 recueils. Et encore, selon Marie Michèle Raymond, responsable du dépôt légal, « ces chiffres ne reflètent pas la totalité de la production, car bon nombre de nos écrits ne sont pas enregistrés, comme le dicte la loi » […]
Parallèlement, les écrivains habitant au pays renouent avec les maisons d’édition étrangères. Notamment avec les Françaises. Actes Sud, Vents d’ailleurs, Zulma, Gallimard, Grasset… Les catalogues hexagonaux font la part belle aux auteurs haïtiens, leur assurant une présence constante dans les rentrées littéraires.[2] »
Pour compléter ce tableau des plus encourageants, l’auteur rappelle, outre l’élection de Dany Laferrière à l’Académie française, les nombreux prix littéraires décernés aux auteurs haïtiens, notamment Yanick Lahens, Gary Victor, Kettly Mars, Lionel Trouillot. Il ajoute que Frankétienne serait même sur la « short-list» du Nobel. À cet égard, on se souviendra que, dès 1913, le poète jérémien Etzer Vilaire était honoré par l’Académie française et que le jacmélien René Depestre a reçu le Renaudot de 1992 pour une histoire, celle d’Adriana, enracinée dans le merveilleux de sa ville natale. La preuve par quatre que la création littéraire n’a jamais été le monopole de la République de Port-au-Prince, devenue aujourd’hui la République de Pétionville, Les succès qu’ont connus en Europe les livres du Capois Anténor Firmin vont dans le même sens.
Aussi brillant que puisse être ce tableau, il contient de nombreuses zones d’ombres. Nous avons fait état, plus haut, des obstacles structurels, contre lesquels les initiatives individuelles ne peuvent rien. Le réalisme nous oblige donc à aborder la question des stimulants à la création littéraire, non pas en faisant table rase du passé, mais en considérant ce lourd héritage comme une variable négative incontournable. De toute façon, on ne gagnerait rien à inclure, dans la panoplie des moyens à mettre en œuvre pour stimuler la création littéraire, le règlement de problèmes comme le bas niveau et la mauvaise répartition des revenus ou le faible taux de scolarisation de la population. C’est donc en parfaite connaissance des limites et des lacunes de notre approche que nous envisageons de stimuler la création, tout en conservant les bases vétustes d’un édifice fragile vieux de plus de deux siècles.
- Les problèmes et besoins actuels de l’industrie haïtienne du livre
Ce tableau très contrasté nous amène à examiner tout de suite les problèmes et les besoins actuels de l’industrie du livre. Il y a en premier lieu des problèmes de fond que les activités de création risquent d’aggraver au lieu de les atténuer : sous-capitalisation du secteur, avec pour corollaire une insuffisance marquée des investissements dans l’innovation et les biens d’équipement ; insuffisance des installations locales d’impression ; lenteur du processus d’impression (dix jours consécutifs pour imprimer une brochure de 70 pages en juin 2013[3]) ; refus systématique d’accorder des facilités de paiement aux éditeurs même bien établis et aux auteurs optant pour l’autoédition ; piètre qualité des encres, de la colle et du papier utilisés par certaines imprimeries ; non-respect fréquent des délais production et de certaines clauses du contrat de services ; inexistence de normes de qualité, etc.
À ces problèmes extrêmement graves s’ajoutent l’indifférence traditionnelle de l’État à l’endroit d’une industrie incapable de se tenir sans béquilles sur ses jambes, ce qui n’est pas particulier à Haïti ; l’analphabétisme chronique qui écarte du marché une masse considérable d’auteurs et d’acheteurs potentiels. C’est sous cet éclairage qu’il faudra examiner la question des moyens à mettre en œuvre pour stimuler la création littéraire.
- Les considérations financières et politiques
Comme les industries de transformation, l’industrie du livre relève d’abord et avant tout de l’initiative privée et repose sur le profit. Quelle que soit la place qu’on puisse faire à l’amour du livre, il faut que les biens d’équipement et les ressources humaines nécessaires à sa production produisent un rendement suffisamment attrayant pour les investisseurs. Les produits culturels étant par nature des biens non essentiels, leur industrie ne survit dans de nombreux pays que grâce à la protection de l’État. Dans le cas qui nous intéresse ici, cela se fait en général avec l’adoption d’une politique nationale du livre. En outre, c’est à l’État qu’incombe la responsabilité première de scolariser la population en âge d’aller à l’école, ainsi que celle d’alimenter le bassin de compétences d’où sortiront les écrivains de demain. C’est lui aussi qui doit soutenir le secteur mou du livre par des incitatifs financiers, des politiques linguistique, fiscale et commerciale appropriées.
S’il appartient à l’État de créer le climat favorable à la prospérité du livre et aux capitalises du secteur privé d’effecteur les investissements majeurs dans l’infrastructure, ce sont les autres intervenants qui devront fournir les autres intrants nécessaires, la matière grise – donc la création – ainsi que les services nécessaires à toutes les étapes de la chaîne de production. Et tout le monde devra y trouver son compte.
Il convient donc de faire au départ une importante constatation : les obstacles dont il a été question ici sont structurels et ne peuvent être surmontés en un tour de main. Et encore moins par les seules initiatives d’une poignée d’individus ou d’organisations ne disposant d’aucun levier approprié. Il faut une vraie croisade qui mobilisera toutes les forces du progrès social et économique. En outre, les obstacles mentionnés réduisent considérablement l’efficacité des stimulants à la création. Dans le type d’économie qui maintient le pays dans un sous-développement chronique depuis son indépendance, il est illusoire de penser qu’on puisse stimuler la création de quelque manière que ce soit avec l’espoir d’obtenir des résultats visibles et quantifiables sur un horizon de moins de 5 à 10 ans. Il s’agit d’une œuvre de longue haleine et qui requiert la contribution de tous et de chacun.
- Le diagnostic de Gary Victor
On trouve dans la réponse donnée par le romancier Gary Victor à une question de l’envoyé spécial de Libération un constat qui clôt le débat sur la richesse de la création littéraire haïtienne et offre en même temps une piste de solution extrêmement intéressante aux problèmes de création : avec le franc-parler qu’on lui connaît et l’excellente connaissance qu’il a des dossiers de l’écriture en Haïti, le romancier a déclaré :
« Je trouve la production littéraire excessivement pauvre par rapport au matériau que nous avons en Haïti. Avec tout ce qui se passe, les kidnappings, la corruption, les meurtres, les trafics… le polar aurait dû exploser ici ! La focalisation sur la poésie entraîne une forme de repli. On a de grands manieurs de la langue, mais peu de rapporteurs d’histoires. Les jeunes avec lesquels je fais des ateliers d’écriture sont abasourdis quand je leur dis que c’est leur quotidien qui doit être leur source d’inspiration. Trop de choses se passent dans ce pays pour ne pas les raconter.[4]»
- Le cadre théorique
Il n’est pas sans intérêt de préciser que j’examine ici les questions liées à la promotion de la création littéraire dans la double optique de l’analyse marginale et de la théorie des jeux.
- L’analyse marginale
Étant donné que la création est appelée à entraîner un accroissement de la demande de services d’édition et d’impression, des ventes de livres, de la dépense et des revenus, ces questions ne peuvent être abordées dans une perspective statique. La création modifiant toutes les données du tableau, c’est dans la perspective dynamique de l’analyse marginale qu’il faut aborder toutes les questions soulevées. Autrement dit, ce n’est plus le coût moyen de production d’un stock de 500 ou de 1 000 livres qu’il faut étudier, mais celui d’une unité additionnelle dans des scénarios divers d’utilisation des capacités de traitement, d’impression et de distribution des textes.
Dans l’hypothèse simplificatrice « toutes choses égales par ailleurs », c’est à l’étranger que devront être produits la masse des livres résultant d’une éventuelle stimulation de la création. Avec les incidences négatives qu’on connaît sur la demande de devises et le financement externe de production intérieure, le sous-développement sous toutes ses formes. En revanche, l’analyse marginale conduit tout naturellement à formuler divers scénarios d’accroissement de la demande de services fondés sur des taux différents d’utilisation des capacités de production. Si l’industrie dispose d’une marge suffisante de capacités, ce qui n’est pas le cas présentement, le coût moyen et le coût marginal, c’est-à-dire le coût d’une caisse additionnelle de livres, ne diffèrent pas beaucoup. Mais dans l’hypothèse contraire, il faut investir dans la mise en place de nouvelles infrastructures de production, de sorte que les coûts de production montent en flèche immédiatement.
Une visite même rapide des installations des deux ou trois grandes imprimeries de la place suffit pour prouver l’existence d’un flux constant d’investissements. Mais ils sont nettement insuffisants par rapport aux exigences d’une modernisation rapide du secteur. Ici encore, il se pose le problème classique du timing, du moment où doivent se faire les investissements : faut-il investir en prévision d’une augmentation soudaine de la demande et subir des pertes durant la période d’amortissement d’une capacité de production inutilisée ? Faut-il attendre que l’accroissement désiré de la demande se concrétise avant d’entreprendre dans un audacieux programme d’investissements ? Autant de questions qui exigent un dialogue constant entre, d’un côté, les promoteurs du programme de stimulation de la création littéraire et, de l’autre, les éditeurs, les imprimeurs, les libraires.
Nous savons déjà que la capacité d’impression est insuffisante, ne se modernise pas suffisamment et ne répond pas toujours aux normes internationales de qualité du livre. Au chapitre de la main-d’œuvre, on serait tenté de croire que nous disposons d’un immense réservoir dans lequel l’industrie du livre n’aura qu’à pomper quand la création commencera à produire ses effets. Rien n’est moins certain. Si cette main-d’œuvre existe, elle n’est guère préparée pour les tâches très spécialisées d’éditique, de typographie, de correction d’épreuves, etc. Autant de questions auxquelles on ne pourra se soustraire en abordant méthodiquement les problèmes liés à la création
- La théorie des jeux
Il y a dans la théorie des jeux deux éléments d’une grande pertinence dans les analyses relatives à l’industrie haïtienne du livre : la typologie des jeux et l’application des observations de l’évolution naturelle des espèces dans le domaine de la concurrence.
- La typologie et le déroulement des jeux
Il existe deux grands types de jeux : les jeux à somme nulle et les jeux à somme non nulle. Dans les jeux à somme nulle, la somme des gains des joueurs est égale à celle des pertes, donc à 0. C’est le cas notamment des jeux de hasard, le poker par exemple où l’intégralité des mises est partagée entre les joueurs et l’organisateur des parties. Quant aux jeux à somme non nulle, ils sont divisés en jeux à somme positive et en jeux à somme négative.
Dans les premiers, toutes les parties gagnent comme dans les stratégies « gagnant-gagnant » de négociation salariale, qui apportent beaucoup à la partie patronale, sans coûter trop cher aux salariés (en anglais win-win). Dans les seconds, toutes les parties perdent, comme dans certains divorces ou certains partages judiciaires de succession où les parties jugent de s’entretuer. C’est également le cas de la roulette russe, où le gain (quand la balle ne part pas) et la perte (le suicide quand elle part) n’ont pas un résultat équivalent affecté du signe contraire pour l’autre partie (le pistolet ou les spectateurs).
L’industrie haïtienne devra absolument éviter de s’engager dans une telle logique suicidaire et s’assurer de la collaboration franche et efficace de toutes les parties concernées.
De tout temps, l’industrie haïtienne du livre a toujours fonctionné avec les réflexes d’un jeu à somme nulle. Chaque maillon de la chaîne du livre fournit le service pour lequel il est sollicité et encaisse la rémunération versée. L’auteur paie pour le traitement de textes et les services d’édition. Lui ou son éditeur paie pour l’impression et encaisse ses honoraires sans plus ni moins. Quand le livre est enfin imprimé, on se trouve en présence d’une espèce d’opération de comptabilité en partie double où chaque entrée au crédit du bilan a sa contrepartie au débit sous forme de fonds ou de marchandises.
Dans l’optique d’un jeu à somme positive, chaque maillon de la chaîne se donne pour tâche d’aller au-delà de ce qui lui est demandé normalement pour accroître le plus possible la qualité de son produit. L’opérateur de traitement de textes attire l’attention de l’auteur sur des erreurs à éviter; l’éditeur en fait autant et même l’imprimeur peut arrêter les presses sil voit dans le bon à tirer des erreurs susceptibles d’entacher la qualité ou la réputation du produit. En tant que partenaires solidaires, toutes les parties collaborent pour améliorer la qualité du produit, faire augmenter les ventes et accroître le gâteau à partager.
Dans la vaste opération de création littéraire envisagée, c’est à cette transformation des mentalités et des manières de faire qu’il faudra procéder pour faire du fonctionnement de l’industrie du livre un jeu à somme positive : un jeu où toutes les parties en cause sortent gagnantes, du fait qu’elles auront conjugué leurs efforts pour commencer par accroître le gâteau à partager. Et cela, même si les pourcentages revenant à chacune d’elles ne changent pas.
- La théorie de l’évolution naturelle
L’observation des animaux dans la jungle révèle que l’adversaire principal des animaux les plus faibles n’est pas le prédateur, mais ceux de son espèce. Le conflit est donc davantage lié à la ressemblance qu’à la différence. Pour survivre dans la jungle, les animaux menacés de disparition n’ont pas à courir plus vite que le prédateur, mais plus vite que le plus lent de ses congénères. Le prédateur dévore d’abord le plus lent, puis il se repose. Le temps de la digestion et d’une bonne nuit de sommeil passé, il repart à la chasse et avale le premier qu’il rattrape, cette fois l’ancien avant-dernier devenu dernier, et ainsi de suite.
Dans l’économie moderne, le prédateur, Wal-Mart dans la catégorie des grands magasins, ne s’arrête jamais au plus lent qu’il a dévoré. Il menace toute l’espèce, car il veut tout avaler. On a vu cela au Canada avec l’arrivée des magasins Home Depot dans le secteur des matériaux de construction. En quelques années, presque toutes les petites quincailleries ont disparu. Dans l’industrie du livre, le prédateur s’appelle aujourd’hui Amazon, et il pourrait être Hachette en Haïti si le marché lui offrait des perspectives alléchantes. En stimulant la création littéraire, Haïti aura intérêt à s’inspirer de la stratégie des dragons et tigres de l’industrie asiatique, la Corée, Hong Kong, Singapour, Taiwan, le Vietnam.
Tout en se livrant une guerre féroce dans le domaine commercial, les entreprises industrielles de ces pays se sont unies pour améliorer conjointement la qualité de leurs produits, embellir leur image et réduire leurs coûts de production. Les éditeurs et imprimeurs haïtiens ont donc une importante partition à jouer dans leurs domaines respectifs s’ils veulent réussir comme Hyundai ou Kia face aux géants japonais Nissan ou Toyota.
- Les grandes questions liées à la création littéraire
Ces clarifications faites, nous pouvons poser six grandes questions préalables à l’élaboration de tout projet moindrement sérieux : Pourquoi? Par qui? Pour qui? Dans quelles conditions? Comment? Quels devraient être les résultats attendus?
- Pourquoi faut-il stimuler la création littéraire ?
Sans sous-estimer l’importance de facteurs subjectifs tels que l’attrait de la célébrité, la satisfaction des auteurs, l’amour du livre chez les éditeurs, il faut reconnaître que les principales considérations à l’origine de la création littéraire doivent être d’ordre financier et économique : la rentabilité sur le plan commercial et l’augmentation du revenu national sur le plan économique. Aussi faut-il éviter toute stimulation qui aurait pour seul effet d’attirer, dans l’industrie du livre, des talents et des ressources financières qui auraient été plus productives dans un autre domaine. Ou même qui seraient restées inutilisées dans une autre branche d’activité. La stimulation visée doit se faire dans un but pratique de rentabilité et d’accroissement des revenus. Or, c’est un fait bien connu que l’écriture ne nourrit pas son homme et que seule une infime minorité d’écrivains parvient à vivre de sa plume. Même constatation pour les artistes peintres et les musiciens.
En stimulant la création littéraire, l’objectif primordial doit être de rémunérer adéquatement les divers facteurs de production qui interviennent dans la production et la distribution du livre. En outre, les efforts déployés devront viser à exploiter dans un premier temps le vaste réservoir de talents insoupçonnés et écartés traditionnellement du banquet des élites. Mais cela n’aura de sens que dans la mesure où les activités de création serviront en bout de ligne à accroître le produit national brut, la mobilité sociale, les recettes d’exportation. Et c’est par le réinvestissement des capitaux générés par l’accroissement des revenus du livre que se multiplieront les effets bénéfiques de la stimulation initiale qui aura permis l’éclosion de nouveaux talents.
À l’échelle macroéconomique, la stimulation de la création doit contribuer à un accroissement du revenu national et du solde net de la balance commerciale. Il faut donc s’assurer que le pays est en mesure d’imprimer ses propres livres et éviter que l’opération ne se réalise exclusivement au bénéfice de la république voisine, qui rafle déjà les retombées économiques de nos moindres projets. C’est un fait connu que, dans ses dernières années de parution, le quotidien Le Matin était imprimé à Santo Domingo et arrivait à Port-au-Prince en avion le matin. Le quotidien Le National, pour sa part, est imprimé en Floride et expédié en Haïti par avion. Par ailleurs, les auteurs et les éditeurs qui font imprimer au Canada affirment que les seuls problèmes de cette formule résident dans les coûts et la durée du transport, sans compter qu’ils ont des facilités de paiement et que les dates de livraison sont toujours respectées.
- Les effets de la stimulation initiale
Le processus par lequel se transmettent à toute l’économie les effets d’une stimulation initiale de la création littéraire se résume comme suit : une stimulation de la création a pour première conséquence un accroissement des manuscrits destinés à la publication. Première injection de fonds dans le circuit de la production. Durant le long processus (de 3 à 6 mois) de préparation du manuscrit, conception graphique, de mise en page en page du manuscrit, les injections de liquidités se poursuivent. Lorsque le livre est finalement imprimé et mis en vente, il y a déjà dans l’économie un pouvoir d’achat qui stimule à son tour la consommation et retourne à la production.
Il faut faire ici deux observations d’extrême importance. La première, c’est que la première injection requiert l’existence d’une épargne préalable et une dépense initiale de l’auteur, ce qui écarte tout de suite les jeunes talents privés de ressources financières et acculés à l’autoédition. La seconde, c’est que la récupération de ce capital est non seulement très hypothétique, mais que le temps de récupération est très long, environ un an dans le meilleur des cas. Les tentatives de stimulation devront tenir compte de cet élément.
- Par qui la stimulation doit-elle se faire?
Pour produire pleinement ses effets, la stimulation doit être le fait de tous les agents économiques, en commençant par l’État. Nous savons parfaitement bien que nous ne pouvons ni ne devons plus compter sur les largesses infinies de l’État-Providence, mais nous connaissons aussi ses devoirs. C’est à l’État qu’il incombe d’œuvrer dans le sens d’une plus grande scolarisation de la population ; d’un relèvement de la qualité de l’enseignement à tous les niveaux ; d’une meilleure distribution des revenus. C’est également l’État haïtien qui devra élaborer et piloter la politique culturelle qui viendra encadrer les acteurs du secteur privé, stimuler les investissements, l’exportation de produits culturels. Alors seulement, les initiatives du secteur privé auront des chances de porter fruit.
Est-ce à dire qu’en l’absence d’une stratégie et d’une politique adéquates de l’État, les acteurs du secteur privé ne doivent rien tenter dans le sens d’une création littéraire plus inclusive ? Absolument pas. Si tel était le cas, rien ne se ferait, car l’État faible que nous avons ne se soucie absolument pas de ce genre de problèmes. Ce sont donc les citoyens, les diverses entreprises du secteur et les organisations de la société civile qui doivent combler le vide laissé par l’État, ce, tout en étant conscients des limites de leurs actions.
- Pour qui faut-il stimuler la création?
Disons tout de suite qu’elle doit se faire au profit de l’ensemble de l’industrie et pour le pays tout entier. Il y a toutefois deux manières de répondre à cette question, mais au fond elles se recoupent. D’aucuns diront que les stimulants à la création doivent bénéficier dans un premier temps aux talents restés inexploités à cause de la structure quasi féodale et élitiste de notre mode de production. Pour les adeptes de cette vision des choses, les mesures prises à cette fin ne doivent pas nécessairement viser en premier lieu un objectif de rentabilité macroéconomique. Elles doivent d’abord permettre aux talents cachés et inexploités de s’affirmer et de s’épanouir. À l’échelle macroéconomique, les retombées viendront automatiquement, à mesure que les incitatifs produiront leurs effets sur le plan individuel.
À l’opposé de cette approche se trouvent les stratégies globales orientées vers des objectifs nationaux comme les politiques culturelles, les politiques de relèvement de la qualité de l’enseignement, l’accès gratuit à l’université, les politique commerciale, fiscale, etc. De même que les interventions ciblées finissent pas se refléter dans l’évolution des grands agrégats, les approches globales favorisent en bout de ligne les laissés pour compte, les déshérités du système actuel. Ainsi, ce qu’il faut retenir pour l’instant, ce n’est pas l’approche à adopter pour stimuler la création qui importe, mais plutôt la nécessité de faire quelque chose, en particulier en privilégiant les secteurs mous.
- Le volet créole de la création
Dans cette vaste nécessaire opération de stimulation de la création littéraire, il faudra absolument éviter de négliger le volet créole qui présente à tous les égards de nombreuses possibilités d’enrichissement. La génération éduquée sous le régime de la réforme Bernard est maintenant dans la trentaine et représente quelque 60% de la population. Elle est maintenant en mesure de produire une abondante littérature qui sera à la fois consommée en créole et traduite en français. Donc, double possibilité d’enrichissement collectif dont il faudra tenir compte.
La création tant attendue de l’Académie créole prévue dans la Constitution de 1987 devrait susciter un foisonnement de talents jusqu’ici inexploités et il faudra non seulement rédiger des centaines de livres en créole, mais aussi effectuer des traductions dans les deux sens, créole-français, français-créole. Haïti devra adopter une attitude proactive pour profiter elle-même des retombées de la nouvelle configuration du marché du livre haïtien et ne pas attendre qu’elle ait manqué le coche pour essayer de le rattraper.
- Comment stimuler la création littéraire
Pour des raisons de commodité, nous diviserons en deux catégories les nombreux moyens de promouvoir la création littéraire en Haïti : les moyens directs et les moyens indirects. Entrent dans la première catégorie les programmes d’études et les séminaires de formation dans ce domaine, le mentorat, les subventions à la création, les bourses d’études au pays et à l’étranger, les concours périodiques assortis de prix littéraires. Bref, toute la panoplie des incitatifs qui ont fait leurs preuves partout dans le monde, mais dont l’efficacité risque d’être limitée par les problèmes de qualité du livre, d’exigüité du marché haïtien du livre, d’insuffisance des investissements, de mentalité de boutiquier trop souvent observés dans l’industrie du livre. C’est à ce chapitre qu’interviennent les mesures indirectes.
Comparativement aux mesures indirectes, les mesures directes ont l’avantage de produire des résultats rapides, visibles et incontestables. On trie sur le volet les candidats aux programmes de formation, on leur donne l’encadrement nécessaire, on récompense les gagnants des concours par des bourses et des prix. Le succès des jeunes auteurs a un effet d’entraînement qui se multiplie au fil des ans. Ces auteurs se font un nom à l’étranger, sont découverts par des maisons d’éditions étrangères, françaises en général, et leur succès est appelé à faire boule de neige.
Qu’en est-il maintenant des mesures indirectes ? Ce sont par définition des initiatives à long terme qui poursuivent les mêmes buts, mais qui s’attaquent aux problèmes de fond et s’inscrivent dans la durée. Les résultats sont lents, peu perceptibles et même facilement contestables pour les impatients. Nous placerions par exemple dans cette catégorie les initiatives visant à notamment à relever la qualité du livre haïtien par l’élaboration et la mise en œuvre de normes uniformes auxquelles devraient adhérer les différents partenaires de l’industrie du livre : les auteurs, les spécialistes du traitement de texte, les infographes, les correcteurs d’épreuves, les imprimeurs, les éditeurs, les libraires, les distributeurs.
Le livre haïtien est en général bien écrit, mais sa présentation matérielle laisse beaucoup à désirer. Sans compter que la qualité est très inégale d’une maison d’édition à une autre. En outre, l’autoédition étant la seule solution accessible à la masse des jeunes auteurs, chacun applique les normes qu’il connaît ou qui lui plaisent et les applique à sa façon, ce qui donne souvent des résultats désastreux. De même, chacun réalise ses livres avec les moyens financiers qu’il a à sa disposition et oblige le lecteur à acheter un produit de qualité souvent inférieure. Ici également, les résultats se multiplient à l’infini, entachant la réputation des auteurs, des maisons d’édition et du livre haïtien en général. Et comme personne ne juge nécessaire ou n’a pas le courage de dénoncer le laisser-aller qui devient en soi une norme, l’industrie du livre fait du surplace ou régresse. Résultat, les jeunes talents restent dans l’ombre et les auteurs confirmés se tournent vers l’étranger.
- Le langage clair et simple
Dans un ouvrage intitulé Le langage clair et simple, un passage obligé, paru aux Éditions du CIDIHCA, nous soutenons l’idée que le langage inutilement savant utilisé par de nombreux auteurs haïtiens n’est pas seulement un frein à la diffusion du savoir. Il décourage aussi bon nombre de talents en leur donnant l’impression qu’ils n’ont aucun avenir s’ils ne peuvent pas écrire comme eux. En revanche, le langage clair et simple ouvre le monde de l’édition à tous ceux et celles qui se donnent la peine de se familiariser avec sa philosophie, son approche et ses techniques. Connu en anglais sous l’appellation de plain language, c’est ce langage qui a assuré le succès des journaux à grand tirage et des romans grand public à partir des années 1930. Il est difficile de comprendre pourquoi son pendant français ne pourrait pas être adopté et adapté en Haïti.
- La présentation matérielle des livres
Au-delà du langage, il y a aussi et surtout la présentation matérielle des textes qu’il faut absolument améliorer. Nous avons résumé en 2013 sous le titre Typographie et correction d’épreuves les leçons apprises dans ce domaine au Canada en 40 ans de pratique de la traduction, de la rédaction, de la révision et de l’édition. Une initiation efficace et patiente des jeunes auteurs à ces disciplines est indispensable à l’éclosion des talents et à une véritable percée du livre haïtien sur les marchés étrangers.
Dans les initiatives de sensibilisation et d’encadrement des jeunes talents, il faudra inclure des ateliers ou des séminaires sur ces sujets. Il faudra alors mettre l’accent sur les dimensions esthétiques telles que l’emballage du produit, la conception graphique des pages couverture, la publicité, etc.
Disons pour conclure que c’est par un dosage approprié de mesures directes et indirectes qu’on parviendra à stimuler comme il le faut la création littéraire. Il faudra travailler sur ces deux fronts en même temps et privilégier le long terme.
- Dans quelles conditions faut-il stimuler la création?
Cette question comporte deux volets : les conditions préalables au lancement même de toute initiative de stimulation de la création littéraire et le calendrier de mise en œuvre du projet.
- Les conditions préalables
Il ressort des réponses données aux questions précédentes que l’initiative envisagée requiert une prise de conscience qui est loin d’être acquise, une modification profonde des mentalités et un engagement collectif réel. S’il faut attendre que ces conditions soient réunies avant d’entreprendre le moindre projet de stimulation, cela ne se fera jamais, car cela représente une entreprise gigantesque. Une véritable croisade, un konbit national pour employer une expression imagée du terroir. En revanche, il est urgent de commencer à réfléchir sur le sujet, à rechercher un consensus minimum entre les parties identifiées. Et c’est là qu’un organisme comme le GRAHN pourrait intervenir pour jouer un rôle de catalyseur.
- Le calendrier de mise en œuvre du projet
Le consensus minimum une fois obtenu, il faut mobiliser les acteurs autour d’un programme porteur, qui pourrait prendre la forme d’une Déclaration d’un Manifeste pour la création littéraire en Haïti. Il faudra alors disposer d’un budget, si minime soit-il, entreprendre des consultation auprès des intervenants visés, déclencher une campagne de sensibilisation et de promotion et constituer d’abord une équipe de mise en œuvre du projet, puis un comité de suivi des progrès réalisés. Un programme de gouvernement, diront certains. Nous préférons parler de croisade, comme nous le faisons pour désigner l’ambitieux projet de promotion du langage clair et simple.
- Les résultats recherchés
Comme nous l’avons dit dès notre introduction, la stimulation de la création littéraire doit être une opération financièrement rentable. Pour pouvoir se poursuivre sur longue période et se passer à la longue des béquilles de l’État, elle doit apporter suffisamment de retombées pour s’autofinancer et récompenser, en termes de revenus, tous les acteurs.
Le scénario de base est simple. L’organisation qui prend le leadership, le GHAN, nous le souhaitons, commence par élaborer une vision exprimée dans une Déclaration. Puis, elle rédige un programme d’action et de sensibilisation et passe au stade final de la mise en œuvre.
Voici en bref un scénario illustrant les résultats recherchés. À la lumière des réponses données aux 6 questions, on élabore et on met en œuvre un programme de stimulation de la création littéraire. Dans un premier temps, on doit pouvoir dresser un relevé du nombre et de la répartition géographique et linguistiques des initiatives réalisées. Ces initiatives devant se traduire en termes de publications, nous devons observer un accroissement du nombre de livres ou de brochures publiées.
Une bonne partie des résultats ne seront pas quantifiables dans un premier temps, car il s’agira de modifications des attitudes, des manières de penser et de faire. Elles devront toutefois faire l’objet de rapports d’étape établis par voie de sondages. Et elles devront, à un horizon de cinq ans au moins, se traduire par une augmentation du nombre d’auteurs et de publications enregistrées dans les deux langues officielles du pays. En bout de ligne, le critère de succès le plus important devra être quantifiable et plus ou moins précis : l’augmentation des recettes d’exportation et des revenus financiers générés par la stimulation de la création littéraire. Bref, la contribution du secteur du livre au produit national brut (PNB).
L’industrie du livre, comme celle du spectacle et de la peinture, étant une composante de l’appareil productif du pays, sa contribution au PNB et à la balance des paiements est quantifiable, bien qu’avec un certain retard. Il sera donc possible de vérifier, toujours à l’horizon de cinq ans envisagé, si et dans quelles proportions les revenus des créateurs ont augmenté; si les fournisseurs de services de traitement de la copie et d’édition ont fait le bond souhaité; si, au bout du compte, les ventes de livres envisagées sont au rendez-vous.
À ces indicateurs quantifiables de succès s’ajouteront les indicateurs de satisfaction des intéressés qu’il faudra établir sur la base de sondages.
- Conclusion
Comme on le voit, l’idée de stimulation de la création littéraire en Haïti est, selon le point de vue de chacun, un besoin, une nécessité, une obligation, un impératif même du développement. C’est aussi une condition de l’épanouissement culturel du peuple haïtien, de l’équité sociale, de l’égalité des chances pour tous, sans distinction de langues et de ressources économiques. Au contraire, il faudra même intégrer aux politiques adoptés une clause de discrimination positive qui permettra de donner aux démunis un accès plus facile aux services d’édition et d’impression.
Disons pour conclure qu’on peut déjà prévoir que le pays s’apprête, avec de tels projets, à entrer dans ce qu’on pourra appeler demain l’ère haïtienne des croisades :
- La croisade de la création littéraire
- La croisade du langage clair et simple
- La croisade de relèvement de la qualité du livre haïtien
- La croisade du développement par la culture
- L’aménagement linguistique (cf. les livres et articles de Robert Berrouët-Oriol)
Convaincu que la culture haïtienne recèle un potentiel d’enrichissement presque aussi considérable que celui du sous-sol du pays, nous pensons que les idées évoquées dans ce document relèvent davantage de la gestion de ressources et de la futurologie que de l’utopie.
Bibliographie
Cavé, Eddy (2014). le langage clair et simple, un passage obligé, Éditions du CIDIHCA, Montréal, et Éditions Pleine Plage, Pétion-Ville.
Cavé, Eddy (2013). Typographie et correction d’épreuves pour tous. Éditions du CIDIHCA, Montréal, et Éditions Pleine Plage, Pétion-Ville.
Konieczny Sébastien (2014). Introduction à la théorie des jeux. Peut être consulté à l’adresse : http://www.cril.univ-artois.fr /
Nathan. L’analyse marginale. Peut être consulté à l’adresse : http://licence.pme.free.fr/documentation/CG-Chapitre4-L_analyse_marginale.pdf RABATÉ, Émile (2014). « Haïti soigne ses mots », Libération, 28 août, Paris.
RASSI, Fouazi, Guy MERCIER et Réjean Belzile (1989). Analyse et gestion financière, Presses de l’Université du Québec, Montréal
Notes
[1] Ce texte est la version intégrale d’un article publié en partie dans la Revue thématique du GRAHN, Haïti Perspectives, livraison du printemps 2015.
[2] Libération, 28 août 2014, Paris.
[3] Il s’agit de la brochure intitulée L’hôpital Saint-Antoine, 90 ans au service des Grand’Anselais écrite par l’auteur de ces lignes et imprimée sous les presses d’Imprimeur 2 à Port-au-Prince.
[4] Ibidem, page 3.