L’excellence scientifique
au service du développement humain
Allocution d’acceptation du Prix Éducation 2017
par Charles Tardieu, Ph.D.
L’auteur – Ancien ministre de l’Éducation nationale, docteur en éducation comparée et internationale de l’Université de Montréal,Charles Tardieu a également étudié aux universités Concordia et McGill. De retour en Haïti, il a travaillé comme spécialiste et analyste de systèmes éducatifs et en formation professionnelle, en encadrement et développement des collectivités territoriales. Entre 1992 et 1996, il a dirigé le projet d’élaboration du Plan national d’éducation ayant abouti en 1996 aux États généraux de l’éducation préparatoires au Plan national d’éducation et deformation (PNEF). Il a enseigné à la Faculté des sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti, à la Faculté des sciences juridiques de l’Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves et à l’Université Quisqueya où il a mis en place et structuré la Faculté des sciences de l’éducation. Il enseigne actuellement à I’STEAH (Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti) où il encadre des étudiants de maitrise et de doctorat. Depuis 1983, il est éditeur de manuels scolaires pour l’École fondamentale aux Éditions Zémès.
ISTEAH
(Institut des sciences des technologies et des études avancées d’Haïti)
Cap-Haïtien, 23 septembre 2017
L’excellence scientifique au service du développement humain
A titre de contribution à l’émergence d’une Haïti moderne, quelques jours après la catastrophe du 12 janvier 2010, des Haïtiennes et Haïtiens de partout à travers le monde ont rejoint un groupe de compatriotes et d’amis de Montréal et d’Haïti pour fonder le GRANH (Groupe de Réflexion et d’Action pour une Nouvelle Haïti). A titre d’action concrète parmi d’autres, le GRANH créait en 2013 l’ISTEAH (Institut des Sciences des Technologies et des Études Avancées d’Haïti). Il s’est donné pour objectif de former dans les 10 ans à venir, 1000 scientifiques dans tous les domaines. Ce choix stratégique consistait à mettre l’excellence scientifique au service du développement humain dans notre Haïti.
Quatre ans plus tard, le 23 septembre 2017, l’ISTEAH procédait au Cap Haïtien à la remise de leurs premiers diplômes de DESS et de Maitrise à 5 étudiants, en prélude aux 995 à venir. Le Conseil académique a profité de cette occasion pour honorer un des membres fondateurs du GRANH et de l’ISTEAH : le Dr. Charles Tardieu. L’allocution de réception du « Prix éducation 2017 » par le professeur Tardieu mérite une diffusion offerte en deux livraisons du journal.
Cette cérémonie de collation des grades de la première cohorte de l’ISTEAH et cette de distinction dont j’ai l’honneur d’être le récipiendaire s’inscrivent dans une vision particulière d’un système éducatif et de notre pays que j’aimerais saluer ce soir. Vision d’un monde global où Haïti occupe la place qui lui est destinée depuis sa contribution à l’éclosion, à l’échelle planétaire, des idées de liberté pour tous au delà de toute distinction de race, de caste, de langue et autres depuis le 18e siècle.
Immédiatement après la victoire sur l’ordre esclavagiste en 1804, les puissances coloniales ont mis en place un double cordon pour tenter de circonscrire la révolution haïtienne à l’ile d’Hispaniola. D’un côté, ils ont dressé, contre Haïti, le premier embargo économique et commercial international visant à étrangler le pays nouvellement indépendant. De l’autre, ils ont érigé un blocus diplomatique, idéologique et culturel visant à remplacer le Code noir de manière à prévenir toute tentative d’affranchissement idéologique réel et surtout pour conjurer la dissémination de ces idéaux révolutionnaires de liberté, égalité, fraternité dans les colonies d’Amérique et à l’échelle planétaire.
Cette dernière initiative, née à la fin du 19e et au début du 20e siècle porte le nom trompeur de « coopération culturelle et diplomatique ». Sauf que cette nation, notre Haïti qui a su mater l’ordre esclavagiste s’est mise en situation de s’approprier, en plus de la culture populaire d’origine afro-créole, la francophonie et les valeurs qu’elle pouvait porter en rapprochant les peuples jadis colonisés des cinq continents qui la composent.
Cette distinction que je reçois aujourd’hui, dans le nord d’Haïti, symbolise plusieurs enjeux majeurs pour l’avenir proche et le futur de notre pays.
Tout d’abord, cette cérémonie au Cap Haïtien marque un tournant vers la fin de l’hégémonie de la république de Port-au-Prince savamment orchestrée par des forces qui depuis plus d’un siècle ont oeuvré à la destruction des pôles de développement et d’autonomie économique que représentaient les régions appelées la « province ». Nous vivons, aujourd’hui à travers cette cérémonie, la décentralisation mentale seule capable de permettre aux citoyens de penser en toute autonomie les modèles de développement les mieux adaptés à leurs aspirations et à celles de leurs régions respectives.
D’un côté strictement personnel, cette distinction, fait honneur aux efforts de formation de centaines de jeunes scientifiques que j’ai pu encadrer à travers le pays depuis mes plus de 35 années de carrière d’universitaire et de chercheur en Haïti. Je dois vous confesser que l’inculcation de la rigueur et des exigences de la méthode scientifique dans un monde dominé par une culture de facilité où règnent les apparences de réussite que confère la corruption est plutôt une gageure qui coûte très cher.
Laissez-moi vous dire aussi, que cette fonction comporte, heureusement, son lot de récompenses et de satisfactions. Lorsque vous rencontrez, par exemple, un ancien étudiant devenu haut responsable politique, religieux ou chef d’entreprise prospère qui reconnait vos efforts et vous en remercie emphatiquement, vous mesurez, alors, la juste valeur des efforts consentis au cours des ans au prix de sacrifices énormes. Au nom de ceux-ci, et en mon nom personnel, mesdames et messieurs les dirigeants et responsables de l’ISTEAH, je vous remercie pour cette marque de reconnaissance.
Enfin, je n’aurais jamais pu me hisser à ce niveau académique sans ma famille qui a su, durant ces 35 ans, par monts et par vaux, supporter les absences et les moments difficiles de l’intellectuel engagé dans un contexte où la vie et les droits élémentaires ont peu de valeur au point où la mort tragique guette à tout moment et où l’insécurité matérielle est plutôt la norme. C’est elle, ma famille, qui donne au jour le jour à l’intellectuel le courage de poursuivre le combat permanent pour lutter contre l’insécurité érigé de tous bords contre tous ceux qui cherchent à penser un autre pays !
Grammaire de la dictature et de la répression
Alors que nous célébrons la réussite académique et le savoir, j’aimerais attirer votre attention sur une des barrières les plus pernicieuses montée pour combattre ce que nous sommes en train de faire, la célébration du savoir. En effet, il existe une grammaire de la dictature et de la répression héritière moderne du Code Noir, qui a pour fonction de freiner tout effort, toute tentative d’émancipation des peuples, l’accès au savoir et à la science en la leur rendant le plus difficile que possible. La torture, la prison, les assassinats, les exécutions par pendaisons, par fusillades, les viols sont des variantes des stratégies de répressions physiques de toute tendance contestataire. Ces formes de répressions violentes ont pour fonction, comme au temps de la colonie, de mater directement toute velléité de révolte contre l’ordre colonial. L’exil forcé ou ‹ voulu ›, sous quelque forme que pratiquée; l’appauvrissement et la marginalisation des populations conduisant à leur migration; l’échec scolaire et le chômage sont les multiples formes de violence symbolique développées pour assurer l’inféodation la plus complète que possible de ceux qui refusent de servir l’ordre colonial. De ceux qui recherchent la science comme système de référence.
Cette grammaire s’exprime, selon l’époque et le temps, par la violence réelle physique ou par la violence symbolique, plus subtile et dévastateur, dont les méfaits durent plus longtemps. On a ainsi conçu les instruments de la guerre dite de basse intensité pour prévenir toute révolte contre ce régime de rente mis a nu par Fritz Jean. On y retrouve, au delà du temps le Code noir de Louis XIV et Colbert ou encore le Mein Kampf d’Hitler et le petit catéchisme de Duvalier.
Par grammaire de la dictature et de la répression, il faut entendre l’ensemble des règles développées et mises en œuvre pour assurer la domination sans partage à travers et dans toutes les couches des populations. C’est ainsi que la dictature duvaliériste a colonisé l’université et l’école haïtiennes pour qu’elles servent les intérêts d’une certaine élite au détriment de ceux de l’ensemble de la nation.
À l’époque des sociétés du savoir, cette la grammaire de la répression s’exprime par la violence symbolique que représente en Haiti la construction de l’idéologie et de la culture de l’échec à travers notamment le système éducatif. L’échec dans les études, l’échec dans la vie de tout un peuple qui le porte à s’enfuir à tout prix vers n’importe où, pourvu qu’il y perçoive une lueur d’espoir la plus ténue, minuscule.
La guerre de basse intensité, menée par le pouvoir en place et ses alliés internationaux, vise alors à séparer ceux que l’on perçoit comme les combattants du reste de la population, au besoin en déplaçant de force les populations isolées dans des zones surveillés, puis à « neutraliser » ces individus suspectés d’être des combattants. Et l’université haïtienne, particulièrement les établissements publics comme l’UEH et les universités publiques en région, devient alors un des champs de bataille où l’on traque sans merci tous ces combattants en herbe, chercheurs de sciences.
Dans cette perspective particulière, la dotation par l’ISTEAH de 1000 scientifiques à la société haïtienne doit être comprise comme un projet de révolution silencieuse.
Les privilégiés de notre société
Savez-vous que sur 100 enfants qui entrent à l’école en première année, 20 seulement arriveront à l’école secondaire après avoir décroché le diplôme de la 6e année et que 8 seulement termineront leur Philo ?
Sur 100 candidats au baccalauréat, seulement 20 à 30 réussissent à décrocher le diplôme de fin d’études secondaires, un chiffre en baisse constante depuis une vingtaine d’années.
Savez-vous aussi, que pour les quelques 23,000 diplômés de Philo, en 2016, il y a à peine 8 000 places dans l’ensemble des universités en Haïti et ceci dans toutes les disciplines réunies. Les 15,000 autres sont voués au chômage ou deviennent des candidats à l’exil au Chili, au Brésil ou vers toute autre destination où pourrait poindre un espoir quelconque. Savez-vous, enfin, qu’actuellement on a dénombré près de 65,000 jeunes haïtiens faisant des études techniques et supérieures en République Dominicaine au coût moyen d’environ 350 millions de dollars US par année? Ces transferts de la société haïtienne à l’économie de la République dominicaine représentent 23 milliards de gourdes à comparer aux 22,92 milliards accordés au MENFP dans le budget 2017-18 et aux maigres 1,55 milliards de gourdes pour l’Université d’État d’Haïti.
Dans ce contexte précis, tous ceux et toutes celles qui arrivent à se tailler une place dans un programme de formation supérieure, comme les étudiants de l’ISTEAH, sont des privilégiés qui, en retour, ont des responsabilités majeures envers la société.
Université et développement : une révolution silencieuse
Tous les pays du monde misent sur leurs systèmes éducatifs pour faire avancer leurs économies, pour se tailler une place plus importante sur le marché mondial. Le 21e siècle a vu éclore les sociétés et les économies du savoir. Dans le même moment, ici, en Haïti, nous donnons le spectacle d’une société ou dominent l’échec et le refus du savoir, le refus de la culture scientifique.
Depuis la fin du 19e siècle, les économies occidentales ont mis leurs universités au service du développement régional et national. Cette tendance s’est accentuée au milieu du 20e siècle pour que les universités deviennent, à l’échelle planétaire, les moteurs premiers du développement. Pendant ce temps, en Haïti, la dictature duvaliériste colonisait l’université et le système d’éducation afin de les utiliser plutôt pour freiner la créativité et l’innovation et comme outils de domination de la société. Et malheureusement, nous n’avons pas encore rompu avec ce modèle de l’échec, aujourd’hui encore en 2017.
La mondialisation a suscité un vif intérêt pour deux tendances apparemment dissociées : la place accrue des universités comme moteurs d’innovation, et le rôle croissant des régions comme vecteurs de croissance économique. Cet ensemble de tendances fortes confirmait avant l’heure, l’avènement des sociétés et économies du savoir.
L’innovation, tel que supportée par les travaux et recherches réalisés au sein et autour des universités, est devenu un déterminant essentiel dans la réussite des régions engagées dans la course économique mondiale. Les régions ont montré, partout ailleurs dans le monde, comment elles étaient la matrice dans laquelle l’innovation a le plus de chances de trouver son aboutissement économique en faveur du développement humain.
Il faudra certainement mettre en œuvre de nouveaux mécanismes pour corréler les efforts d’innovation à mener en milieu universitaire au développement régional en Haïti. Selon ce modèle, les politiques publiques devraient contribuer à promouvoir cette initiative majeure que propose l’ISTEAH à travers son projet de « Cité du savoir à Génipailler et la formation des 1 000 scientifiques en 10 ans ».
Considérant que l’innovation comme mode de production d’une pensée au service de la croissance régionale fait défaut à l’heure actuelle, il faudra déterminer la manière la plus efficace de combiner ces deux phénomènes, de façon à faire des universités haïtiennes le vecteur central du développement durable et humain recherché dans les régions.
Aussi, convient-il de se poser les questions fondamentales suivantes :
Comment la compétitivité régionale peut-elle devenir le nouveau cadre du développement régional et à fortiori, national ? Quel rôle devra y jouer les universités en région ? Comment assurer que la qualité et le titre d’université soient exclusivement réservés aux institutions affichant l’excellence dans les trois missions fondatrices de ces établissements de haut savoir : l’enseignement, la recherche et les services à la communauté ? Autrement dit, en termes plus triviaux, comment freiner l’imposture que représente le pullulement de ces « universités borlettes » qui polluent, par le haut, les efforts de qualité dans le système éducatif et dans la société en général ?
Aux États Unis par exemple, les États ont aidé les universités publiques à répondre aux besoins de leurs régions, s’appuyant en cela sur la tradition de dotation foncière par les États instaurée au 19e siècle. Les États ont en effet investi dans l’enseignement supérieur pour faire face au déclin industriel qui frappait la Nouvelle-Angleterre par exemple; ou encore incité le gouvernement fédéral à maintenir ses investissements en faveur des zones confrontées à l’ajustement structurel de l’agriculture en Californie. Ces politiques sont à l’origine de la création des « couloirs de haute technologie » tels que la Route 128 en Nouvelle Angleterre et la Silicon Valley en Californie. Les interventions dans ces deux régions sont devenues emblématiques, car elles incarnaient la possibilité de créer de nouvelles zones industrielles en donnant un souffle nouveau à ces zones en déclin en instaurant des relations solides avec les universités très actives dans le domaine de la recherche.
On peut citer les exemples de l’Australie et du Canada, où l’enseignement supérieur a joué un rôle clé dans le développement des villes qui faisaient office de « passerelles » entre les différents États donnant naissance aux universités les plus prestigieuses du pays. C’est dans une telle perspective que s’inscrivent la « Cité du Savoir à Génipailler et la formation des 1 000 scientifiques en 10 ans ».
Dans « Haïti, la fin d’une histoire économique », Fritz Jean a exposé l’ampleur de l’échec de l’économie de rente en Haïti. Mettant à nu la crise profonde de la société haïtienne et l’échec du modèle colonial encore dominant de 1804 à aujourd’hui, il a fait ressortir comment et pourquoi cette société basée sur la rente n’a pas besoin d’une population ni d’une élite éduquées.
Les modes d’appropriation des richesses par les prébendes a ruiné notre pays, ce qui explique l’état de pauvreté extrême où nous nous enfonçons chaque jour un peu plus ; mais aussi le rachitisme du système éducatif et l’impossibilité de le changer sans une volonté sociale et politique qui ne peut venir que dans le cadre d’une vision de développement ancrée dans les régions.
Fritz Jean montre comment ce modèle doit disparaître pour faire place à un nouveau système qui fera appel aux savoirs, aux compétences et à l’éducation comme moteur de développement.
Le système éducatif qui produit les échecs dont nous avons parlé, qui n’est pas intéressé à promouvoir les universités et un système éducatif de qualité n’est donc pas un hasard.
Le rôle des étudiants universitaires
Les étudiants et les personnels de l’université en général, mais particulièrement de l’ISTEAH avec son projet de « Cité du savoir » vous êtes parmi les premiers concernés par la construction de l’HAITI nouvelle où s’est engagé le GRANH :
- parce que vous faites partie d’une petite minorité de privilégiés de notre pays et que vous avez une obligation de contribution à cette construction régionale / nationale ;
- parce que vous êtes au coeur de ces changements comme acteurs ;
- parce que vous êtes les citoyens formés pour votre développement personnel, certes, mais en votre qualité d’universitaire avez la responsabilité de l’universalisme à la base de l’institution universitaire.
Complexe éducation – développement économique et social
En ce siècle où domine le savoir, l’éducation est la plaque tournante autour de et avec laquelle se construit le développement économique, social et culturel des régions et des communautés.
Les systèmes éducatifs forment un tout cohérent de la petite enfance aux études supérieures et à la recherche scientifique, en passant par la formation professionnelle et technique des artisans, entrepreneurs et gestionnaires.
L’éducation assure la formation et le perfectionnement tout au long de la vie et de la vie active. Par la recherche fondamentale et opérationnelle, elle alimente les secteurs productifs, les orientations politiques, les phénomènes sociaux et la vie dans la société.
Elle devient donc, dans les sociétés modernes d’aujourd’hui, la locomotive du train d’actions pour la croissance, le développement durable économique et social. Le système éducatif est lui-même alimenté par les systèmes économiques, sociaux et culturels, ce qui induit un cercle vertueux de développement et de croissance.
Les corollaires suivants, pour être moins évidents, n’en sont pas moins fondamentaux :
- a) Le système éducatif dont il est question doit obligatoirement accueillir tous les enfants d’âge scolaire et préscolaire ;
- b) Ce nouveau système a l’obligation de scolariser dans les quartiers de résidence même tous les enfants d’une communauté locale par l’instance régionale chargée de la gestion de l’offre d’éducation ;
- c) Au niveau du 3e cycle et de l’école secondaire, le système éducatif organise des offres de formations regroupées en régions et répondant aux besoins des communautés, des familles et des entreprises;
- d) L’offre de scolarisation doit être organisée par des instances scolaires régionales; le ministère et ses antennes en régions en assurant la supervision, la validation et la coordination des programmes ainsi que la certification en fin de cycles (fondamentale, secondaire et professionnelle) ;
- e) L’offre scolaire gagnera en efficacité et en efficience dès lors qu’elle sera exécutée par des instances régionales obligées à une stricte et régulière reddition des comptes à leurs mandants, les communautés locales ;
- f) Les universités seront organisées de manière à encadrer ces instances régionales pour la formation des cadres et enseignants œuvrant dans tous les ordres et niveaux du système ; elle devront mener les activités de recherches susceptibles de fournir les connaissances et savoirs indispensables au développement d’une offre d’éducation de qualité répondant en permanence aux besoins et aspirations des régions.
Mettre l’École haïtienne au service de notre société
En effet, l’École est indéniablement l’unique instrument aux mains de l’État et des citoyens pour créer les liens sociaux susceptibles de « fonder » la nation et à posteriori la citoyenneté.
Le système éducatif colonial haïtien a été développé à l’encontre de ce postulat. Au meilleur des cas, il répondait aux besoins de colonisation et de domination des travailleurs, jadis esclaves devenus les petits paysans et les classes ouvrières de la nouvelle république de 1804 à aujourd’hui.
Il nous faut rompre avec toutes les formes de colonisation mentale et idéologique mises en place par les puissances coloniales et leurs alliés nationaux pour garder la main mise sur la force de travail du peuple haïtien.
C’est à cette tâche exaltante que nous convie l’ISTEAH à travers son projet de « Cité du savoir à Génipailler et la formation des 1 000 scientifiques en 10 ans ».